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Sida : où en sommes-nous ?

Le Maroc célèbrera sa journée nationale du sida, le 10 décembre 2003. Aujourd’hui, le Maroc compte 1237 cas cumulés de sida, et ce depuis la déclaration du premier cas en 1986. « Plus de 80% des cas de malades du sida ont été détectés au niveau du service du Professeur Himmiche au CHU Ibn Rochd de Casablanca », affirme le Dr. Hamida Khattabi responsable du programme national de lutte contre les infections sexuellement transmissibles (IST) et le sida au ministère de la Santé. En fait, le Maroc compte deux pôles d’excellence en la matière: le service du Pr. Himmiche à Casablanca et celui du Pr. Abdelaziz Mâouni au CHU Ibn Sina de Rabat. Lorsqu’un malade se présente à l’un de ces centres avec des signes attestant du développement de la maladie, il subit automatiquement un test de dépistage. Si celui-ci est positif, il intègre automatiquement le système de soin mis en place un peu partout au Maroc. En effet, chaque pôle d’excellence chapeaute six centres référents régionaux. Celui de Casablanca travaille en relation très étroite avec les six centres du Sud du Maroc et celui de Rabat avec ceux du Nord. Dans tous les centres référents régionaux, on trouve des médecins référents épaulés par un plateau technique composé de plusieurs autres médecins spécialistes. En outre, le centre d’Oujda compte également un spécialiste infectiologie, formé par le service du Pr. Himmiche à Casablanca. Ce sont donc les deux pôles d’excellence ainsi que les centres référents régionaux qui prescrivent les traitements aux malades atteints du sida et assurent un suivi de ces derniers. Selon le Dr Khattabi, « la transmission du virus par voie sexuelle reste largement prédominante avec 73% des cas ». Mais le Sida est également transmis par les homosexuels, les drogués qui se shootent par intraveineuse et les mères atteintes du virus qui contaminent leurs bébés. A ce titre, le tourisme sexuel ainsi que l’immigration clandestine sont des facteurs qu’il faudrait prendre au sérieux. Et pour cause, même si 63% des malades sont de sexe masculin, les spécialistes ont noté une augmentation de la proportion des cas féminins au cours des dernières années. A l’occasion de la journée mondiale du Sida, célébrée le 1er décembre 2003, le ministère de la Santé a rappelé que le Plan stratégique national de lutte contre le Sida 2002/2004, est actuellement en phase de réalisation. Trois actions majeures ont été entreprises. Tout d’abord, mettre en place une prévention ciblée sur les groupes les plus vulnérables. Sur ce point, le Dr. Khattabi souligne que l’apport des acteurs de la société civile est primordial. En effet, le ministère de la Santé travaille en étroite collaboration avec ces ONG. Au Maroc, l’approche choisie est conforme aux recommandations de l’OMS et de l’ONU-SIDA. Il s’agit d’une approche appelée « éducation par pairs ». Ce sont en fait des personnes proches issues du milieu ciblé qui se chargera de la sensibilisation. En clair, un jeune sensibilisera des jeunes et un homosexuel approchera beaucoup plus facilement les homosexuels. Auparavant, l’éducateur pair a droit à une formation adaptée à sa mission. Pour réussir cela, le ministère de la Santé a élaboré un guide national de l’éducation par pairs et met à la disposition des ONG les moyens matériels et financiers pour réussir cette sensibilisation. Deuxième action entreprise dans le cadre du Plan stratégique 2002/2004: le dépistage de l’infection par le VIH. Il s’agit encore une fois d’un travail en partenariat entre le ministère et les ONG qui militent pour la lutte contre le sida. Le premier centre de dépistage au Maroc a été créé par l’ALCS, dont la présidente n’est autre que le Pr. Himmiche. Depuis, d’autres centres ont été créés par des associations comme l’OPALS ou la Ligue marocaine de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles, où les dépistages sont anonymes et gratuits. « A ce niveau également le ministère de la santé finance les volontaires qui travaillent dans ces centres et met à leur disposition les réactifs nécessaires au dépistage », affirme le Dr. Khattabi. Troisième action: la prise en charge des personnes atteintes. Actuellement, les infections opportunistes sont totalement traitées. Les trithérapies sont livrées gratuitement aux patients. En 2004, tous ces derniers auront droit à leur dotation en trithérapies dont le prix est passé de 8.000 DH à 1.500 DH par patient et par mois. Le Maroc a reçu une aide de 9,23 millions de dollars du fonds mondial pour la lutte contre le sida pour financer son programme qui s’étale de mars 2003 à février 2007. Tout cela ne signifie pas que le Maroc est à bout de ses peines. Depuis 1993, le Maroc a mis en place un système de surveillance épidémiologique du VIH. Grâce à ce système et aux dernières techniques d’estimation élaborées par l’OMS et l’ONUSIDA, on estime le nombre actuel de séropositifs (porteur du virus mais n’ayant pas encore développé de signes d’infection) entre 13.000 et 16.000, voire 30.000 si l’on croit une dépêche de l’AFP. D’énormes efforts doivent être déployés pour éradiquer ce fléau qui touche bon nombre d’autres pays. Au Maroc, plusieurs départements ministériels, autres que la Santé, doivent mettre la main à la pâte. D’ailleurs, le slogan choisi pour la journée nationale du Sida est « Tous unis contre le sida ».

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