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Sidati : «C’est le début de la fin pour le polisario»

© D.R

ALM : Selon-vous, quelles sont les raisons sous-jacentes aux émeutes populaires dans les camps de séquestration à Tindouf, que l’on qualifie déjà de véritable Intifada ?
Sidati Dafa : Tout d’abord, je tiens à vous souligner que cette Intifada est née à la suite d’une dispute entre les membres de deux familles vivant dans les camps de Tindouf. Cette rixe a rapidement pris une tournure tribale et un jeune homme originaire de la tribu des Ouled Tidrarine a même trouvé la mort dans ces affrontements. Dans ce contexte de désordre total, et en plus de la misère dans laquelle sont plongées ces populations civiles, un vaste mouvement de protestation est né. Il est conduit par des intellectuels et des jeunes diplômés en total désaccord avec la direction du polisario. Ces protestataires ont profité du climat d’instabilité pour faire entendre leur voix. Ils ont, à cet effet, distribué des tracts dans lesquels ils avancent 17 revendications. Au début, ces tracts étaient diffusés de manière clandestine et nous pouvons résumer leur contenu en une seule phrase : "Nous avons assez d’attendre !".

C’est en fait un conflit entre deux
générations…
Effectivement, nous avons d’une part les vieux dirigeants du polisario, qui constituent une véritable mafia de détournement de l’aide humanitaire. Et en face, de jeunes intellectuels qui ont compris que toute la littérature polisarienne n’était finalement que du mensonge et de fausses promesses. Ils veulent donc qu’une solution rapide soit trouvée à ce conflit artificiel pour qu’ils puissent regagner leur pays, le Maroc. Aujourd’hui, nous pouvons affirmer que les dirigeants du polisario n’ont absolument aucune assise sur les jeunes séquestrés dans les  camps de la honte à Tindouf et de Lahmada.

Est-ce que, selon-vous, les forces du polisario et la sécurité militaire algérienne vont user de la force pour réprimer cette Intifada, comme cela a été le cas en 1988?
Justement, je pense qu’ils ne vont pas commettre les mêmes erreurs que lors du soulèvement populaire de 1988. A l’époque, les forces armées algériennes et polisariennes ont sauvagement tué des civils, dont plusieurs femmes et enfants. En revanche, pour limiter l’impact de cette Intifada, ils ont préféré imposer un vaste blocage des camps. L’information ne circule pratiquement pas. Un black-out total a été instauré. Personnellement, j’ai essayé de contacter des gens dans les camps pour en savoir un peu plus. En vain.

Est-ce qu’ils sont injoignables au téléphone ?
En effet, certains sont injoignables. Mais d’autres n’ont carrément pas la possibilité de parler en toute liberté de peur de représailles. Il ne faut pas oublier que le polisario guette les moindres faits et gestes des populations civiles. Le système de mouchardage instauré par les dirigeants du polisario consiste à mettre au moins un espion pour dix personnes. Ces espions sont connus de tous, et agissent de manière ouverte et officielle. On les appelle les "Arifines". Ils transmettent la moindre information à leur commandement et peuvent ainsi causer énormément de torts à bon nombre d’individus.

A votre avis, quelles seront, dans les prochains jours, les conséquences de cette Intifada ?
Je pense que sous la pression des civils, il y aura certainement un changement de gouvernement. Un changement symbolique bien sûr. Une manière d’éteindre momentanément le feu. Mais à ce titre, il faut espérer que les populations civiles ne paient pas le prix fort. Toute manifestation de ce genre ne profite généralement qu’aux mafias qui dirigent le polisario. Les civils, eux, continuent de sombrer dans la misère à cause du détournement des aides humanitaires et leur vente au marché noir.

Est-ce que cette Intifada est une preuve que les dirigeants du polisario sont en train de perdre le contrôle de la situation?
Il est vrai que la direction du polisario assied de moins en moins son contrôle sur les camps et sur les populations qui y vivent. C’est la raison pour laquelle je souhaite que cette Intifada soit le début de la fin de la bande de criminels mafiosis qui dirige le polisario et qui affament les Sahraouis marocains dans les camps pour financer leur propagande à l’étranger.
Sur cette question, il convient de sensibiliser davantage les organisations internationales de la situation humanitaire dans les camps. Bon nombre d’organismes envoient des tonnes d’aides humanitaires, mais elles sont détournées en cours de route. Il faut donc leur demander de s’assurer que les vivres atteignent effectivement tous les camps et même toutes les tentes. Ce n’est que de cette manière que l’on pourra assurer une vie  meilleure aux civils qui croupissent dans les camps, des Marocains avant tout, nos frères.

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