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Simulacre de divorce entre le MUR et le PJD : de qui se moque-t-on ?

Le Mouvement unicité et réforme (MUR) revoit la composition de ses structures dirigeantes. Ce Mouvement, proche du Parti de la justice et du développement (PJD) n’a retenu, lors de la tenue de son quatrième congrès national du vendredi 16 au dimanche 18 juillet à Rabat, aucun dirigeant de ce parti islamiste parmi les membres de son bureau exécutif. «Le Mouvement unicité et réforme évolue dans le sens de la modération. Ce Mouvement joue désormais la carte des institutions. En plus, il approfondit son indépendance vis-à-vis du PJD, étant donné qu’aucun membre du secrétariat général du PJD n’a été élu au bureau de ce Mouvement. Il paraît donc que le MUR prend ses distances avec le PJD», explique Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD, dans une déclaration à ALM. A noter que Abdelilah Baha et Mohamed Yatim n’ont pas été retenus parmi la liste des membres du bureau exécutif du MUR. Rappelant aussi que Abdelilah Benkirane avait démissionné du MUR au lendemain de son élection au poste de secrétaire général du PJD. Au titre du quatrième congrès du MUR, Mohamed Hamdaoui a été réélu, samedi 17 juillet, président de ce Mouvement au vote secret par 72,54% des voix exprimées par les membres de l’assemblée générale du MUR. Pour leur part, Moulay Omar Benhmad et M’hamed Hilali ont été élus respectivement premier et deuxième vice-président de ce Mouvement. Pour sa part, Abderrahim Chikhi a été élu coordinateur général du conseil délibérant (parlement du MUR) avec 80% des voix. Le quatrième congrès du MUR a été également marqué par la désignation des membres du bureau exécutif du MUR (voir encadré ci-après). «Le quatrième congrès du MUR a été l’occasion pour consacrer l’orientation modérée du MUR et l’adhésion de ce Mouvement aux efforts déployés par le Maroc dans le domaine de la restructuration du champ religieux. Le congrès a également affirmé que le MUR se démarque de l’action politique et partisane. L’étape du congrès a été marquée également par le message d’allégeance adressé par le MUR, à l’issue des travaux de son congrès, à SM le Roi, Commandeur des croyants, chose qui est très rare chez les mouvements islamistes. Le message fort du quatrième congrès était que le MUR est un acteur civil intégré dans le processus des grandes réformes en cours», a déclaré à ALM Mustapha Khalfi, membre du bureau exécutif du MUR. Ceci dit, l’éloignement des membres du secrétariat général du PJD présenté par les dirigeants du MUR et du parti islamiste, dans leurs déclarations, comme une prise de distances, ne constitue, selon certains observateurs, qu’une simulation d’un divorce à l’amiable. «Il ne suffit pas qu’il y ait éloignement des membres du PJD des instances dirigeantes du MUR pour affirmer que ce Mouvement prend ses distances avec le parti islamiste. Il ne s’agit pas d’une affaire de personnes, mais de grandes orientations du parti et du mouvement. Les deux ont des objectifs stratégiques et des convictions communs», explique l’islamologue Said Elakhal (voir entretien ci-joint). «Les enjeux du quatrième congré du MUR se résument dans le fait de revoir les positions du MUR qui est présenté comme un mouvement de prédication critiqué par l’élite et les autorités car il exprime une position qualifiée de radicale et qui s’oppose aux choix de modernité et de démocratie. Il s’agit donc premièrement de réfléchir sur comment fixer de nouveaux repères à l’égard des positions du MUR sur tous les plans et comment le présenter comme un mouvement qui prône la modération et la tolérance dans le respect du cadre des spécificités du Maroc», remarque le sociologue Mohamed Darif, dans une déclaration à ALM. «Deuxièmement, il était question de se démarquer du PJD, c’est-à-dire distinguer entre le religieux et le politique. Ceci dans un contexte connu de tous où le MUR a subi des pressions concernant ses relations avec le PJD. Ainsi, les responsables du Mouvement ont cherché à abolir cette interférence avec le PJD, par l’éloignement de deux membres de ce parti anciennement responsables du MUR. Ceci malgré les déclarations de Mohamed Hamdaoui, président du MUR, qui a souligné le partenariat stratégique avec le PJD», poursuit M. Darif. Et d’ajouter que «le fait de ne pas faire d’amalgame entre les deux registres, le politique et le religieux, constitue une première pour ce mouvement. Ce changement s’inscrit dans un contexte marocain où la politique partisane est fondée sur le fait que la religion ne doit pas s’immiscer dans la politique et vice versa. Mais cela demeure problématique et paradoxal parce que les mouvements islamistes notamment le MUR, les Frères musulmans, Al Adl wal Ihsane ne font aucune distinction entre le politique et le religieux. Et dans la littérature du MUR, on trouve facilement que parmi ses missions, il y a la mission politique. Ainsi, on se retrouve face au paradoxe d’un mouvement fondé sur la non-séparation du politique et du religieux; mais contraint par le contexte politique marocain, un contexte semi-laïque, à opérer cette séparation».

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