Outre Abdelfettah Raydi, onze kamikazes étaient prêts à passer à l’acte pour des attentats terroristes contre différentes cibles à Casablanca, Marrakech, Agadir et Essaouira. C’est ce qu’ont affirmé des hauts responsables au ministère de l’Intérieur lors d’une rencontre avec la presse, mardi soir 20 mars à Rabat. Selon les mêmes sources, la cellule de Abdelfettah Raydi était composée de 30 individus ayant pour la plupart des antécédents judiciaires en relation avec les attentats du 16 mai 2003 et dont 24 ont déjà été arrêtés après l’attentat dans le cybercafé de Sidi Moumen, le 11 mars. Les arrestations avaient été effectuées à Salé, Casablanca, Agadir, Rabat et Tiznit. A en croire les mêmes sources, Raydi avait entretenu, pendant et après son incarcération, des relations avec des groupes aussi divers que «Assirat Al Moustaqim», «Ansar Al Mahdi» ou encore «Attawhid Wal Jihad». C’est lui qui, dès novembre dernier, était passé à un stade supérieur de préparation en recrutant un groupe de kamikazes dans son entourage à Sidi Moumen. Il a fréquenté, entre autres, le dénommé Abdellatif Amrine (kamikaze réserviste en 2003) qui l’aurait aidé à confectionner des bombes artisanales qui ne diffèrent pas trop de celles utilisées par les terroristes du 16 mai. Bien avant d’être arrêté en juin 2003, Abdelfettah Raydi s’était réfugié chez Hassan Taoussi, un autre kamikaze réserviste condamné à la peine capitale.
Les explosifs préparés par Abdelfettah Raydi étaient à base de TATP et 6,5 kgs, prêts à l’usage, avaient été saisis dans la chambre que louaient les terroristes au «Groupe 4» au quartier Moulay Rachid. Chaque ceinture explosive, à l’image de celle qu’avait portée Raydi pendant quatre jours, devait contenir entre 300 et 350 grammes du mélange explosif. La seule nouveauté apportée par la cellule de Raydi était l’ajout d’un mélange pathogène hautement toxique susceptible de provoquer de graves maladies aux personnes qui s’y exposent : des bombes artisanales, mais qui peuvent également provoquer des infections.
Les mêmes sources affirment également que ce qui était arrivé le 11 mars et les attentats qui devaient suivre n’impliquent, selon les données disponibles, aucune intervention étrangère que ce soit au niveau d’Al-Qaïda, du GICM (Groupe islamique combattant marocain) ou de l’ex-GSPC (Groupe salafiste pour le combat et la prédication). Et moins encore avec l’arrestation de Saâd Houssaïni. Les forces de sécurité, pour les besoins des investigations post-11 mars 2007, ont arrêté 223 personnes pour en relâcher 186. Les 30 membres de la cellule de Raydi exerçaient de simples métiers et de petits commerces. 16 d’entre eux sont âgés entre 18 et 27 ans et 60 % sont issus du même quartier de Sidi Moumen. Le 11 mars, seulement Abdelfettah Raydi et Youssef Khouidri, pour des raisons non encore élucidées, portaient des ceintures explosives.
La «mésaventure» du cybercafé de Mohamed Faïz a tout fait foirer.
Bien avant cette date, les services de sécurité, sur la base de multiples sources de renseignement, avaient doublé d’efforts de mobilisation, mais surtout de coordination pour un meilleur échange d’information. Le degré de vigilance a été élevé pour parer à toute éventualité. Aujourd’hui, le Maroc reste toujours sous la menace terroriste et notamment, affirme le ministère de l’Intérieur, pour son rôle grandissant dans la lutte contre le terrorisme à l’international et les coups portés aux cellules d’embrigadement de jihadistes pour l’Irak. «Nous sommes mieux préparés qu’il y a cinq ans même si l’on ne peut pas, à l’instar d’autres pays, parler de risque zéro», affirme un responsable du ministère de l’Intérieur.
Le cas Youssef Khouidri
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Khattab, le financier !
Les services de sécurité ont également réussi à débusquer les financiers de la cellule de Raydi pour l’acquisition notamment des matériaux nécessaires à la fabrication d’explosifs. Ainsi, Hassan Khattab, le chef du groupe «Ansar Al Mahdi», au courant des desseins de Raydi et ses acolytes, a avancé 10.000 DH. Un bijoutier de Casablanca, un dénommé Mohamed Talbi, avait, lui, remis 31.000 DH. Le reste du financement provient d’une collecte faite auprès des membres de la cellule. Cette dernière avait également prévu de faire dans la falsification de monnaie pour boucler son «tour de table».