ALM : Taïeb Fassi-Fihri a affirmé dans une interview accordée à l’agence espagnole Europa Press que le Maroc est prêt à entamer des négociations directes avec le polisario. Que pensez-vous de cette nouvelle position marocaine ?
Mohamed Moâtassim : L’affaire de notre intégrité territoriale est trop importante pour la soumettre à des spéculations ou à de simples hypothèses. Il me semble que notre pays a pris des engagements irréversibles, parce que basés sur une légitimité juridique et historique indiscutable. Maintenant, si une telle information se confirme, je tiens à rappeler que le dialogue direct avec le "polisario" se faisait jusqu’ici de façon secrète et informelle. Aussi, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a sinon un changement, du moins une évolution notable dans la position officielle marocaine.
Vous semblez être sceptique, alors que le ministre délégué aux Affaires étrangères a précisé que les négociations avec le polisario ne se feraient que si l’Algérie engage sa responsabilité…
Je continue à penser que la position marocaine dénote d’une évolution notable, même si l’Algérie semble, à en juger par votre question, chapeauter le "polisario" en engageant sa responsabilité dans le nouveau dialogue avec le Maroc. A mon avis, tout cela reste à clarifier devant l’opinion publique marocaine exigeante, car on ne peut plus engagée et concernée par cette affaire sacrée, celle de notre intégrité territoriale.
Justement, Taïeb Fassi-Fihri a souligné que les résultats des négociations, c’est-à-dire le statut final de l’autonomie, seront soumis à un vote populaire. Qu’en pensez-vous ?
Nous sommes en droit de nous interroger, si vote il y a, sur l’identité des votants. Il est de notoriété publique que le vote local a déjà montré ses limites, il me semble complètement dépassé par les évènements. L’ONU et les parties connaissent pertinemment bien les problèmes liés à l’identification des électeurs. Il serait donc logique, compte tenu des principes et valeurs que le Maroc a toujours défendus, que les résultats des négociations et le statut de l’autonomie soient soumis à l’appréciation des Marocains, de Tanger à Lagouira.
Comment qualifiez-vous le flou qui caractérise cette nouvelle position marocaine, surtout concernant le volet de la consultation populaire ?
Nous ne voulons pas intenter un procès d’intention à nos officiels. Au contraire, le plus important dans ce changement de position, c’est d’impliquer entièrement la responsabilité algérienne et mettre un point final à cette affaire. En d’autres termes, il faut reconnaître que le Maroc vient, encore une fois, de donner à l’opinion publique internationale, la preuve de sa bonne foi et sa disponibilité constante à débloquer la situation, bien évidemment dans le respect total de sa souveraineté sur ses territoires.