Ces suspects, majoritairement algériens et marocains, faisaient partie d’un groupe du nom des "Martyrs pour le Maroc" et "défendant la pratique de la guerre sainte et avec l’intention de la mettre en pratique en Espagne par le biais d’actions violentes comme celle projetée contre l’édifice de l’Audience nationale", la principale instance pénale espagnole, dont le juge Fernando Grande-Marlaska a prononcé mardi les inculpations.
Le groupe, dont les membres ont été principalement arrêtés en octobre et novembre 2004 sur ordre du juge espagnol Baltasar Garzon, de l’Audience nationale également, était dirigé par Mohamed Achraf, né en 1973 au Maroc et extradé en avril 2005 vers l’Espagne par la Suisse.
Selon le juge Grande-Marlaska, les islamistes pensaient lancer un camion bourré de 500 kg d’explosifs contre les bâtiments de l’Audience nationale, dans le centre de Madrid, avec l’intention de "tuer les personnes à l’intérieur (juges, fonctionnaires et public en général)", soit environ "980 personnes".
Leur intention était également de "détruire les archives qui concernaient leurs +frères de combat+", selon le juge de l’Audience nationale, une instance chargée de la très volumineuse enquête des attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid, qui a tué 191 personnes.
Des documents concernant d’autres possibles objectifs d’attentats à Madrid, le stade Santiago Bernabeu du Real Madrid, les gares ferroviaires d’Atocha et Principe Pio, les tours Picasso, le siège du Parti populaire (PP, droite), avaient été découverts en possession d’un second responsable du groupe, Addila Mimon.
Nombre des inculpés avaient été recrutés et formés en prison.
Ils seront jugés pour "appartenance à une organisation terroriste de nature djihadiste", "conspiration en vue de commettre un attentat terroriste", "falsification de documents publics et officiels à des fins terroristes", selon l’arrêt du juge Grande-Marlaska.
Ces inculpations sont distinctes de l’affaire des attentats du 11 mars 2004, pour laquelle seul un mineur a jusqu’ici été renvoyé devant un tribunal.
Mais certains des inculpés de mardi avaient des liens avec un des principaux suspects de ces attentats, Allekema Lamari, qui s’est suicidé le 3 avril 2004 à Leganés avec six autres islamistes.