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Trois forces politiques, un même référentiel

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ALM : Les rencontres entre la Mouvance populaire, le RNI et le PJD ont récemment fait l’objet de plus d’une spéculation. Quel a été à votre avis le véritable objet de ces rencontres?
Mohamed Mouatassim : Les contacts et tractations qui se déroulent actuellement entre ces trois forces politiques du pays s’inscrivent à mon sens dans une nouvelle stratégie de la mouvance populaire et le RNI, visant à surmonter la frustration d’avoir une majorité au Parlement, avec ses deux Chambres, sans avoir en contrepartie les fruits escomptés au sein du gouvernement, où les deux compositions disposent de places réduites. Il s’agit de procéder, par la voie de l’alliance, à une redistribution démocratique des responsabilités et de la carte politique au Maroc. La mouvance populaire, ainsi que le RNI, ne revendiquent en cela que ce à quoi ils ont droit. L’ère d’accès à la démocratie et ses règles dans laquelle s’inscrit le Maroc implique cette dynamique. Une dynamique autour de laquelle il s’est créé un certain nombre de jeunes cadres qui revendiquent, légitimement, leur place au soleil. Il s’agit moins d’un acte de rébellion que d’une volonté de participer à la prise de décision.
Quels sont à votre avis les facteurs qui justifient une telle alliance ?
L’alliance de la mouvance populaire avec le PJD trouve sa légitimité dans le parcours commun qui marque l’évolution des deux leaders respectifs de ces deux forces politiques, à savoir Mahjoubi Aherdane et Abdelkrim El Khatib. Les deux hommes étaient les premiers, et dès 1958, à s’opposer au parti unique au Maroc. Malgré les différents malentendus et convergences qui ont marqué leurs positions respectives, le référentiel commun qui unit les deux hommes et les deux compositions laisse la voie ouverte à un bout de chemin qu’ils peuvent faire ensemble, sinon à une alliance durable. L’alliance avec le RNI s’inscrit quant à elle dans un objectif d’ordre tactique, conjoncturel et stratégique. Il y a aussi le fait que le parti de M. Ossman partage également le même référentiel que les deux autres formations, à savoir l’attachement à la monarchie et aux institutions sacrées du pays, et souffre du même problème que la mouvance populaire, sa représentativité limitée au sein du gouvernement s’entend. Les trois formations font partie de la même famille politique, même si certains contestent des choix intégristes du PJD, pour le moins infondés. Au contraire, force est de constater que ce parti a fait le choix de l’ouverture sur son environnement et de la proximité, à un moment où tous les autres partis y ont renoncé.
Cette nouvelle coalition, signifie-t-elle qu’un remaniement gouvernemental est en vue ? Et Pensez-vous qu’elle a des chances d’être suffisamment fiable pour gouverner le pays ?
Je pense que le Maroc est gouvernable par cette nouvelle alliance. La Koutla doit, quant à elle, prendre le temps de se refaire une santé. Usée par l’exercice du pouvoir, elle doit céder la place, comme le dicte l’alternance démocratique, aux autres. Cette alliance doit réussir. Pour cela, il faut des cadres propres, responsables et compétents. Il faut surtout éviter une bousculade aux postes ministériels qui peut sonner le glas de cette coalition. Là est la dernière chance pour la constitution d’une nouvelle majorité. Si les trois forces arrivent à se mettre d’accord, elles constitueront une majorité au Parlement telle que le pays sera ingouvernable sans leur participation. Ce qui se traduira par une recomposition du gouvernement actuel. Un remodelage qui pourra donner un nouveau Premier ministre. Mais tout dépendra de la fiabilité et de la solidité de cette coalition.
Dans ce cas de figure, quelle est à votre avis la personnalité qui serait à même de devenir Premier ministre ?
A mon avis, cela se jouerait entre Mhaned Laenser et Ahmed Ossman, M. Aherdane étant exclu d’avance pour des raisons d’âge et de santé. Mais un point d’interrogation persiste puisqu’on peut également assister à l’émergence d’un homme du sérail qui dispose des compétences requises : loyal, fédérateur et compétent. Et il y en a.
Quelle serait la place du PJD dans ce schéma ?
A l’écart de l’action gouvernement, le PJD doit maintenant mettre la main à la patte. Il faut lui donner les moyens de la politique sociale qu’il affectionne. Il ne faut pas que ce parti capitalise son statut de parti de l’opposition. Il y va d’éviter un ras de marée électoral qui peut s’avérer fatal. Malheureusement, ce parti ne compte pas que des modérés. Il compte également des têtes brûlées qui peuvent dévier du chemin tracé par le parti. Le PJD est la formation politique que l’on contrôle le moins. Et l’on peut tout cacher derrière la religion.

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