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UMA : Alger dos au mur

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Le sommet de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) dont les travaux devaient avoir lieu aujourd’hui et demain en Algérie a été reporté sine die. Cette décision a été annoncée par le ministre algérien des affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, à l’issue d’une réunion à huis clos des chefs de la diplomatie des cinq pays membres de l’union (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie). Selon la version officielle annoncée par le chef de la diplomatie algérienne, le report a été demandé par la Libye et que les pays membres ont accédé à cette demande après délibérations. « Le conseil a pris acte que la Libye a demandé le report du sommet, ce qui a été accepté », a déclaré Belkhadem. Ce report, qui a eu lieu moins de vingt-quatre heures avant le sommet, n’a cependant pas surpris les observateurs qui s’attendaient à une telle décision après l’annonce de la non-participation de trois des cinq chefs d’Etat membres de l’union maghrébine à savoir le Maroc, la Libye et la Mauritanie. L’absence confirmée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du président mauritanien, Maaouia Ould Sid’Ahmed Taya, et du guide de la révolution libyenne, Moammar Kadhafi, ainsi que l’annonce faite par des sources diplomatiques tunisiennes indiquant que le président Benali allait se rendre en Algérie en visite à caractère bilatéral, avaient laissé entendre que le sommet allait être annulé. Outre le report, il a été décidé, lors de la réunion des ministres maghrébins tenue hier, de procéder au transfert de la présidence tournante à la Libye. L’Algérie, qui occupait cette responsabilité depuis 1994, a décidé de l’abandonner au profit de la Libye qui refusait de l’assumer. « Devant l’insistance de l’Algérie à céder la présidence, la Libye a accepté d’assumer cette fonction », a précisé Belkhadem lors d’un point de presse tenu hier. Rappelons que la capitale algérienne devait accueillir le premier sommet de l’UMA depuis 1994, en juin 2002. un sommet qui avait dû aussi être reporté quatre jours avant sa tenue, alors que tout était fin prêt pour l’accueillir. Il est à signaler que le « Traité instituant l’union du Maghreb Arabe » signé le 17 février 1989 à Marrakech, précise dans son article 4 que « l’Union est dotée d’un Conseil présidentiel composé des chefs d’Etat membres et qui est l’organe suprême de l’Union », et que cette « présidence du Conseil est assurée, pour une période d’une année, par rotation entre les chefs d’Etat des pays membres ». L’article 5 rajoute que « le Conseil présidentiel de l’Union tient ses sessions ordinaires une fois par an » et qu’il peut « tenir des réunions des sessions extraordinaires chaque fois que cela est nécessaire ». Or, l’UMA a à nouveau échoué à réunir ce qui devait être son septième sommet en quatorze ans d’existence, ce qui prouve qu’en absence d’une volonté d’affronter les différends existant entre les pays membres et sans l’instauration d’un climat de confiance entre les voisins maghrébins, il est impossible d’avancer dans le projet maghrébin. Dans son intervention devant ses homologues maghrébins lors de la réunion préparatoire du sommet tenue dimanche, le chef de la diplomatie marocaine a clairement expliqué la position du Maroc concernant l’UMA. « Autant nous tenons à la nécessité de hisser le projet maghrébin à un niveau meilleur, en tant qu’option stratégique inéluctable, autant nous considérons que l’action maghrébine, pour être efficace, reste tributaire de la nécessité d’un engagement pour une coopération sincère, dans un climat de confiance et de respect mutuels et pour la consolidation de la sécurité et de la stabilité régionales », a-t-il précisé quant à l’attachement du Maroc à cette union. Il a aussi expliqué que « ces engagements étaient organiquement liés à la construction maghrébine et à la nécessité de préserver les acquis nationaux et l’intégrité territoriale de chaque Etat membre, laquelle reste au-dessus de toutes les considérations ». Le ministre marocain réitérait ainsi la position du Maroc à propos de la nécessité de la solution préalable de la question du Sahara marocain dans le cadre du dialogue entre Rabat et Alger pour que le projet de la construction maghrébine puisse progresser. La position algérienne à l’égard de l’intégrité territoriale du Maroc demeure donc le principal obstacle devant l’épanouissement de cette organisation régionale ayant une portée stratégiquement importante pour le développement de toute la région maghrébine. Dans le discours prononcé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI devant les chefs d’Etat participant au sommet des pays membres du Forum 5+5 tenu à Tunis, il y a quelques semaines, le message était clair quant à cette question. Le Souverain avait expliqué que, pour gagner le pari de la concrétisation de l’union maghrébine, « il est impératif que nous dépassions les obstacles qui se dressent devant nous, notamment le conflit artificiel créé autour de l’intégrité territoriale du Maroc, et ce en parvenant à un règlement pacifique, négocié, consensuel et définitif de la question, règlement s’inscrivant dans le cadre de la légalité internationale et garantissant la souveraineté, l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc ». Un report sine die et une présidence assumée à contre-coeur par la Libye, telles sont les conclusions d’un sommet qui n’a pas eu lieu. Un événement qui devrait donner matière à réflexion aux dirigeants d’Alger et leur permettre de comprendre que l’on ne peut pas bâtir un projet d’union sur un fond de désunion.

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