Couverture

Un dispositif en clair-obscur

Une liste de candidats, comme le reste des formations politiques. Cinquante six circonscriptions couvertes par le parti de la justice et du développement. En plus d’une liste nationale. Quoi de plus banal, sinon l’aspect islamiste rétrograde que cache mal un discours réconciliateur de dernière catégorie…
Des noms qui ne brillent pas tous par leur savoir faire idéologique, disons théologique, ou encore leur activisme islamiste. Certes dans la liste des têtes de liste, il y a des candidats de poids à l’intérieur du parti et sur la scène politique nationale. On relève dans ce registre Abdelilah Benkirane à Salé ville, Me Mustapha Ramid à Derb soltane El Fida, Al Mokrii Abouzeid à Sidi Otmane Moulay Rachid à Casablanca, Abdellah Baha à Rabat Chellah, Mohamed Yatim, à Beni Mellal et surtout le docteur Saâd Eddine Elothmani à Inezgane Ait Melloul. Des pointures qui comptent bien faire la différence face aux candidats non islamistes.
A côté, il y en a d’autres qui ne faisaient pas vraiment partie de la mouvance islamiste mais qui ont intégré cette formation pour des raisons plus ou moins électoralistes. Mme Touria Gharbal anciennement PND se retrouve par hasard tête de la liste nationale PJD. Mme qui enfreint les règles même qu’est censé défendre le PJD en ne portant pas de voile -ce qui s’apparente à une hérésie dans le discours islamiste- est une islamiste d’un genre nouveau. Il en est de même pour Noureddine Kerbal, investi à Mohammedia après avoir fréquenté d’autres formations politiques. «C’est toujours une chose de revenir aux préceptes de l’Islam» semblent vouloir nous dire les dirigeants du parti. Mohamed Chaâbi, tête de liste à Kenitra n’est pas non plus un islamiste de pure souche. Il a rejoint sur le tard le PJD à un moment où on parlait de l’investiture de l’autre Chaâbi, Miloud, un istiqlalien qui garde de bons rapports avec l’histoire.
L’histoire justement du PJD avec le processus électoral est une bizarrerie en soi. Voilà un groupe d’islamistes sous diverses dénominations, dont la plupart des membres venaient juste de rompre avec la violence prônée par Achabiba Al Islamia de Abdelkrim Moutii, se trouve comme investi d’une double mission. Un, donner un visage plus politique à l’activisme islamiste et trouver une occupation au parti vidé de tout le monde à part son chef. Il s’agit de redonner vie au Mouvement populaire démocratique et constitutionnel de Abdelkrim Al Khatib. On peut évidemment oser le contraire en avançant que c’est ce dernier qui a eu pour tâche d’intégrer la bande à Benkirane et Othmani. En tout cas, le résultat est le même. Le PJD est né et aujourd’hui il dit couvrir 56 circonscriptions pour le bien de la nation. De deux choses l’une. Ou bien le parti, tantôt épouvantail, tantôt expression suprême de l’ouverture politique marocaine, est devenu tellement puissant qu’il se satisfait d’une victoire électorale avec le moins de candidats. C’est prétentieux, à moins qu’il n’y ait quelque part une véritable crainte d’un raz-de-marée. Ce qui est peu probable. Sinon, avec un déploiement de force, parfois sans commune mesure avec le véritable poids du parti, usant de la réactivité de la rue, le PJD et les stratèges de tout acabit ont cru apercevoir un parti à l’algérienne, le FIS par exemple. Ce qui est incompréhensible dans ce cas, c’est que les partisans du PJD, ont cru.
Et lors de la préparation des listes électorales et la recherche des moyens de campagne, les dirigeants ont tout puisé finalement pour ne retenir que les 56. On est loin de l’éventualité d’un vote islamiste massif. Une chose est sure : aucun parti ne peut prétendre pouvoir mobiliser toute la population et faire main basse sur le corps électoral. Même avec un discours populiste un tantinet islamisant, à la manière du PJD. Pourtant parmi les cadres de ce parti, il y en a qui oublient que les faits sont têtus. Plus dur sera le réveil.

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