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Un nouveau blocage menace le conseil de la ville de Casablanca

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Un nouveau blocage menace-t-il le conseil de la ville de Casablanca? Après la crise qui avait paralysé durant plusieurs mois les grands projets de la ville (tram, gestion déléguée des déchets, pont de Hay Hassani, le Grand théâtre de Casablanca…) et qui a été surmontée grâce à la signature d’un accord entre Mohamed Sajid, président du conseil de la ville, et des forces politiques siégeant au conseil, une autre tension se profile. Et pour cause, aujourd’hui la pression de certains membres du conseil insatisfaits de leur part du gâteau se fait de plus en plus sentir. Ils remettent en cause les accords du code d’éthique qui avait été signé en avril dernier entre M. Sajid et la coalition de la majorité du conseil (PJD, PAM, RNI et MP). Accords qui avaient pour but de remédier à la manière avec laquelle M. Sajid dirigeait le conseil qu’ils jugeaient «unilatérale et individuelle». Avec le recul, ces conseillers se sont sentis lésés par un accord élaboré dans une conjoncture extraordinaire marquée par une potentielle organisation imminente des élections communales et la volonté de débloquer la situation pressante dont pâtissait la métropole. Sauf qu’aujourd’hui il s’est avéré que les élections communales n’auront pas lieu avant la fin 2013, certains même les prévoient à l’horizon 2015. Et c’est ainsi qu’en n’étant plus dans un contexte de transition, les conseillers appellent à une révision de la charte d’honneur. Selon plusieurs sources concordantes, les conseillers «lésés» dénoncent le contenu dudit accord et pointent du doigt le monopole de quatre partis sur les dix devant occuper les postes de vice-présidents. Le PJD avait accaparé 80% du budget de la ville en gérant la commission des travaux publics et les infrastructures. Le RNI avait eu la charge de la commission de l’urbanisme, le PAM la commission des autorisations économiques et de la gestion des propriétés publiques et le MP gère les affaires sociales.
Ainsi, les six autres partis demandent aujourd’hui l’annulation dudit accord pour revenir aux dispositions de la charte communale qui permet une gestion déléguée plus équitable. D’ailleurs, c’est autour de cette question, la révision du code d’éthique, qu’a été organisée la semaine dernière une réunion entre les conseillers du MP, de l’UC, du PAM et du RNI à laquelle le PJD a également été convié avant de s’excuser. Cette même question sera aussi au centre de la prochaine session ordinaire du conseil de la ville prévue fin octobre consacrée aux rapports financiers et risque de créer un autre blocage si elle n’est pas résolue et n’obtient pas l’accord de tous. Mais pour Khlili Abdelmalek, conseiller PJD, la révision des accords du code d’éthique ne constituera pas de problème : «Nous sommes prêts à revoir tous les détails de cet accord si cela permettra de faire avancer les choses et rendre justice». Même son de cloche du côté d’Amina Latni, membre PAM du conseil de la ville : «Il faut voir les choses de manière positive, la charte d’honneur avait permis de dénouer la situation à Casablanca à un moment délicat, aujourd’hui bien que les choses aient changé rien ne nous empêche de revoir les dispositions de cet accord pour faire avancer les choses». Pour sa part, Mustapha Rahin, membre sans appartenance politique du conseil, appelle les conseillers chargés des différentes commissions à veiller avant tout à l’intérêt de la ville et pas seulement à celui de leur formation, et rendre des comptes par rapport à leurs travaux, chose stipulée dans la charte mais qui n’a jamais été respectée.

Les partis politiques de la majorité, à savoir le MP, le RNI, l’UC, et le PAM, veulent mettre fin à la domination du PJD et lui ôter la délégation de signature concernant le secteur des infrastructures et qui représente 80% du budget du conseil de la ville.

PAM, UC, RNI et MP veulent mettre fin à la domination du PJD
La révision de la charte d’honneur signée le 11 janvier 2012 a été l’objet d’une réunion tenue entre les partis politiques composant la majorité au sein du conseil de la ville.
Cette charte qui a mis fin à une crise sans précédent qu’a connue le conseil de la ville, et en vertu de laquelle le PJD a obtenu une délégation pour la gestion du secteur-clé des infrastructures, ne réjouit plus tout le monde. Et selon une source sûre, l’absence du PJD qui a décliné l’invitation à cette réunion n’est pas anodine.
C’est que les partis politiques de la majorité, à savoir le Mouvement populaire (MP représenté dans la réunion par Said Hasbane), le Rassemblement national des indépendants (RNI représenté par Abderrahim Wattas), l’Union constitutionnelle (UC représenté par Zaouat), et le Parti authenticité et modernité (PAM représenté par Ahmed Brija) veulent mettre fin à la domination du PJD et lui ôter la délégation de signature concernant le secteur des infrastructures et qui représente 80% du budget du conseil de la ville, soit 200 milliards de centimes, a indiqué à ALM un membre du conseil ayant requis l’anonymat.

Une charte contestée
Depuis sa formation, le conseil de la ville de Casablanca connaît une situation de quasi blocage. Pour dépasser cette situation, les partis représentés au conseil avaient signé une charte d’honneur signée le 11 janvier 2012. Les dispositions de cette charte ont permis de stopper momentanément les hostilités entre les différents partis. Il faut préciser qu’en vertu de cette charte, les partis politiques ont partagé entre eux les délégations de signature selon les secteurs.
Aujourd’hui, c’est cette répartition qui divise les signataires. Les partis politiques de la majorité, en l’occurrence le Mouvement populaire, le Rassemblement national des indépendants, l’Union constitutionnelle et le Parti authenticité et modernité veulent revoir la répartition des délégations.
Pour rappel, le PJD avait obtenu dans le cadre de la charte la délégation de signature dans le domaine des infrastructures.
Mais la majorité veut récupérer ce secteur. Ces divergences risquent d’hypothéquer la charte alors que le conseil s’apprête à tenir dans les prochains jours la session d’octobre.

Une alliance fragile
Si le conseil de la ville de Casablanca ne parvient pas à dépasser la situation de paralysie actuelle, c’est parce qu’il ne dispose pas d’une majorité solide. En effet, les alliances entre les formations politiques au niveau local n’obéissent pas toujours à la même logique.
Certains partis appartenant à l’opposition au Parlement peuvent facilement s’allier avec les partis de la majorité. C’est le cas notamment du PJD dont les élus locaux soutiennent dans plusieurs villes des maires faisant partie de formations politiques qui ne sont pas sur la même longueur d’onde au Parlement avec le parti de la lampe. Mais il faut dire que même la majorité au sein du conseil de la  métropole se trouve parfois divisée.
Le maire de Casablanca, Mohamed Sajid a été à plusieurs reprises abandonné par ses alliés, seul devant les partis de l’opposition.
Par ailleurs, certains partis politiques ne peuvent pas maîtriser leurs élus au niveau local. Ces derniers peuvent adopter localement des positions aux antipodes avec les positions d’un parti à l’échelle nationale.

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