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Un pays en clair-obscur

L’histoire de l’Arabie saoudite se présente pour certains observateurs et orientalistes comme celle d’un pays qui n’est rien d’autre qu’une entité entre les mains d’une famille. L’expression paraît caricaturale, mais on ne force pas pour autant sur le trait pour s’en convaincre…
L’histoire remonte en fait aux années vingt. Quand un certain Saoud entame l’unification des tribus depuis toujours dispersées. Assir, Oussairan ou encore Al Hijaz, trois parmi les quatre grandes régions de l’ancienne Arabie avaient décidé de s’unir pour faire face aux visées coloniales des Britanniques qui pointaient des décennies auparavant leur nez aux portes de la Mecque. Un lieu saint de l’Islam, mais une véritable source inépuisable de ressources financières.
La découverte des hydrocarbures a donné au pays en construction une nouvelle dimension. Le roi Abdelaziz qui a dirigé le pays des années 30 jusqu’à la moitié des années cinquante a consolidé l’union, réglé les problèmes issus des mannes pétrolières et des lieux saints par l’instauration d’un système tribal de rente et dont la protection est déléguée aux puissances financières et militaires étrangères. La manne pétrolière aidant, les convoitises internes des chefs de tribu commencent à se faire sentir. L’assassinat du roi Fahd en 1975 s’inscrit dans cette logique de règlement de compte interne. La tentative d’assassinat du roi Khalid et les querelles entre les chefs de tribu, devenus magnat du pétrole, ne cessent de s’exacerber. On comprend dès lors pourquoi le prince Abdellah soit mal vu par certaines puissances étrangères. Et on saisit ainsi comment le plan de paix qu’il a proposé a été sapé. Question de limiter le champ d’action des électrons libres, aussi Saoudiens soient-ils. On a beaucoup écrit sur la structure sociale de ce qui tient lieu d’Etat en Arabie Saoudite. On sait que le roi Abdelaziz a eu plusieurs femmes, réparties entre les diverses fractions tribales. Et à chaque fois que les luttes entre chefs font jour, on trouve des intérêts tribaux bien contradictoires. Et surtout par filiation matrimoniale.
La montée en flèche du prince Soltane, l’un des hommes forts du régime, est bien une manière d’écarter d’autres princes, et de bloquer des notabilités qui ne sont pas liées à la famille régnante. Zaki Yamani, ministre du Pétrole pendant la période faste qui a suivi le choc pétrolier de 1973 est l’un des exemples patents de ces dirigeants saoudiens devenus puissants par le biais de leur poste ministériel. A part quelques rares exemples, des exceptions même, le beurre et l’argent du beurre de l’Arabie est resté entre les mains de la famille Abdelaziz. Un cercle fermé, mais pas vraiment étanche vu les liens tribaux qui prévalent. Ceci étant, le Wahabisme, instauré comme mode de gestion des affaires quotidiennes, est des plus rigoureux. En ce sens qu’il rend l’accession aux richesses plus difficile que de pénétrer dans les voies impénétrables du seigneur. Les réglages se font en interne. Les profits tirés du hadj et de la omra – des milliards de dollars annuellement – vont aux mêmes familles qui ont hérité aussi des richesses pétrolières.
C’est dans ce contexte d’opulence, malgré des conjonctures parfois difficiles que l’on voit mal comment tant d’argent personnel va-t-il être dépensé, sachant les interdits imposés par la loi.
Aussi, est-il significatif de relever que des cheikh, des pétro-millionnaires trouvent refuge dans des pays comme le Maroc ou le Liban pour assouvir leur besoins, souvent bas. L’avenir n’est pas de la même couleur que le pétrole, certes, mais pour pérenniser les richesses, des voix s’élèvent de l’intérieur même de l’establishment saoudien pour appeler à plus de raison dans les dépenses, conjoncture oblige, et à bâtir sur du solide…

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