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Un tiers du gouvernement sans «attributions»

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Trois mois et toujours pas visibilité. C’est le cas pour pratiquement le tiers des ministères dans le gouvernement actuel qui n’ont pas encore reçu les décrets d’attributions. Ces derniers qui doivent être publiés dans le Bulletin officiel, permettent de délimiter, avec précision, le champ des compétences d’un ministre durant son mandat. Aujourd’hui, et sur un total de 30 portefeuilles ministériels dans le gouvernement, une vingtaine seulement de ministères ont reçu les décrets les concernant. Le reste figure toujours dans la liste d’attente sans aucune visibilité. La situation devient sensible surtout que des ministères aussi importants que ceux de l’emploi, de l’habitat ou encore de l’agriculture, sont concernés. Pour Abderrahim Manar Slimi, professeur de sciences politiques, des difficultés techniques sont à l’origine de ce retard. En effet, les compétences d’un ministère comme l’habitat ont été étoffées. Le département géré aujourd’hui par Mohamed Nabil Benabdellah s’est vu confié une nouvelle mission relative à la politique de la ville. Cependant, le politologue, tout comme des sources proches du gouvernement, parle également de divergences entre les membres du gouvernement sur les attributions de certains départements appelés à travailler conjointement. L’exemple le plus édifiant est celui des finances. L’Exécutif compte actuellement un ministre de l’économie et des finances en la personne de Nizar Baraka du parti de l’Istiqlal. Ce dernier travaillera avec Idriss Azami du PJD, comme ministre délégué chargé du Budget. A un moment où le PLF (projet de loi de Finances) doit être soumis au Parlement, le mystère demeure total sur les compétences des deux responsables. Des informations, ayant circulé, font même état de divergences entre les deux hommes. Mais dans une déclaration accordée à ALM récemment, Idriss Azami a simplement balayé d’un revers de la main toutes ces informations. «Des organes de presse ont parlé de divergences. J’y réponds que nous ne travaillons pas dans la divergence. Bien que le gouvernement soit formé de 30 ministres qui appartiennent à des partis différents, ce sont la cohérence de l’action publique et la solidarité de l’action gouvernementale qui priment et convergent vers un même objectif», a t-il précisé. Soit, mais comment le ministre et son ministre délégué ont travaillé pour élaborer le PLF? Où commencent et où s’arrêtent les compétences de chacun? Manar Slimi va encore plus loin en s’interrogeant sur l’identité du responsable qui présentera et défendra, par la suite, ce projet de loi au Parlement. «Les décrets d’attributions pouvaient donner plus de visibilité, mais en l’absence de tels documents, les relations demeurent ambiguës. D’autant plus qu’un autre département entre en jeu», souligne Slimi et d’ajouter : «Traditionnellement, c’est la direction du budget au sein du ministère des finances qui se charge des aspects techniques du PLF. Une touche politique est, par la suite, introduite par le ministre. Je dirais que le ministère des finances est une boîte noire où des directeurs peuvent, parfois, avoir des pouvoirs similaires à un ministre». Le Conseil de gouvernement d’aujourd’hui devrait donner plus de clarté en attendant la publication des décrets.

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