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Une bouffée d’oxygène de 100 milliards DH pour le Maroc

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Le ministre des finances et le gouverneur de Bank Al-Maghrib peuvent respirer. Le Fonds monétaire international (FMI) a accepté de mettre à la disposition du Maroc une réserve de 7,5 milliards de dollars dans laquelle il peut puiser en cas de besoin. Vendredi soir au moment d’annoncer la nouvelle aux médias, le ministre de l’économie et des finances, Nizar Baraka, ne pouvait pas cacher son soulagement.
Depuis quelques semaines, les réserves en devises du pays sont en train de fondre à une vitesse inquiétante. A la fin du mois de juillet, les avoirs extérieurs atteignent environ 137 milliards DH contre 167 milliards en décembre dernier. Leur baisse inquiète d’autant plus que ces réserves ne permettent de couvrir que 3,8 mois d’importations du pays. Le Maroc a manifestement atteint une cote d’alerte même si, selon Nizar Baraka, il y avait encore de la marge car les organisations internationales considèrent la situation d’un pays dangereuse à partir du seuil de 2 mois d’importations. Et c’est justement pour ne pas y arriver que le ministère des finances a décidé de recourir au FMI. Ce dernier a mis en place une sorte de facilité de caisse spécialement destinée aux pays qui ont des problèmes au niveau de la balance des paiements comme le Maroc.
L’appui du FMI consistera en fait à mettre à la disposition du Maroc une réserve de 7,5 milliards de dollars (environ 60 milliards DH) dans laquelle il peut puiser au besoin pour couvrir ses importations. (Voir encadré)
En contrepartie, explique le ministre des finances, «le gouvernement s’engage d’abord à ce que les réserves en devises ne descendent jamais en deçà du seuil des 4 mois d’importations et surtout à maintenir sa politique économique actuelle qui permet de préserver les équilibres fondamentaux». Selon le ministre, il n’est pas dit que le Maroc puisera forcément dans cette réserve mais ce qui est certain c’est qu’elle apporte un sentiment de sécurité dans la mesure où le pays dispose d’un filet de sécurité au cas où les indicateurs et la conjoncture venaient à se détériorer davantage. D’ailleurs, Nizar Baraka a révélé une batterie d’autres mesures qui permettront au Maroc de renflouer ses réserves de devises. D’abord, et comme cela était pressenti depuis longtemps, le Maroc procédera à une levée de fonds probablement au mois d’octobre prochain. Montant de l’emprunt : entre 700 millions et un milliard de dollars. Selon le ministre des finances, «l’annonce aujourd’hui de l’appui apporté par le FMI est un excellent signe adressé aux places financières sur la solidité et la solvabilité de notre économie, ce qui nous permettra probablement d’emprunter à un taux inférieur à celui du précédent emprunt, à savoir 4,5%». D’un autre côté, le ministre des finances fait remarquer que beaucoup d’organisations et d’institutions internationales ont mis à la disposition du Maroc des lignes de prêts mais qui n’ont pas été toutes utilisées. Pour la loi de Finances 2012, l’Etat avait prévu de lever quelque 5 milliards DH à ce titre. Or, à la fin du mois de juillet, explique M. Baraka, «nous avons à peine utilisé un milliard». Pour les six mois qui restent, le ministre compte donc mobiliser 4 milliards DH en devises, auprès de ces institutions. Et enfin, des pays amis du Golfe ont récemment manifesté leur intérêt de venir investir dans les grands projets d’infrastructures au Maroc. Le ministre des finances indique qu’une sorte de protocole d’accord a été signée avec le Qatar, les Emirats Arabes Unis, le Koweït et l’Arabie Saoudite dans le cadre des discussions en cours entre le Maroc et le Conseil des pays du Golfe. A la clé, ces pays devront apporter près de 5 milliards de dollars (environ 40 milliards DH) sur les cinq prochaines années.
Il s’agit, rappelle le ministre des finances, «de projets publics et non pas d’investissements privés». Ces milliards de dollars constitueront évidemment une bouffé d’oxygène pour les réserves.
Cela dit, tous ces apports en argent frais, sous forme de devises, ne constituent que des solutions d’appoint. Le ministre des finances en est conscient : le vrai travail de fond à faire c’est celui du rééquilibrage structurel de notre balance commerciale. En d’autres termes, le Maroc doit impérativement maîtriser et optimiser ses importations et augmenter considérablement ses exportations.
Pour cela, Nizar Baraka a indiqué que le gouvernement travaille activement sur des chantiers qui vont tous dans ce sens : renforcer les normes pour les produits importés, lutter contre la fraude en douane, encourager la consommation de produits marocains à commencer par les marchés publics, l’utilisation de couvertures financières qui permettent de se prémunir à terme contre les flambées des cours mondiaux des denrées, encouragement des entreprises pour aller sur de nouveaux marchés… Vaste programme, certes, mais c’est visiblement le seul moyen pour éviter que le Maroc ne se retrouve dans la même situation qu’au début des année 80, c’est-à-dire à court de devises pour payer ses importations.

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