Couverture

Une journée à la Place Mohammed V

© D.R

Dimanche 20 février, 9h30 à Casablanca, le ciel est brumeux. Il pleut. Le climat est un peu flou autant pour le citoyen lambda que le Mouvement du 20 février et ses initiateurs. Ces activistes de Facebook, issus de toute tendance idéologique confondue: jeunes gauchistes, des islamistes d’Al Adl Wal Ihssane, acteurs associatifs et militants du mouvement amazigh… Dans la Place Mohammed V, à 10h30, les manifestants qui ont joint les rassemblements disparates se comptent déjà par milliers. Issus de diverses classes sociales, leurs profils sont larges : enfants, étudiants, grands-mères, chauffeurs de taxi, fonctionnaires, cadres… Les revendications sont sociales,  politiques et  économiques. Les manifestants scandent les slogans en choeur, en canon…des fois c’est la cacophonie entre des divers rassemblements juxtaposés, mais aux causes quelque peu opposées. Mais une constance se manifeste: «On tient à dire qu’on aime notre Roi, on tient à lui, C’est le garant de notre unité». Dans les abords de la Place Mohammed V, des curieux, de potentiels manifestants ont également répondu à l’appel. Parmi eux, des personnalités connues du monde de l’art et de la politique, mais également un parterre de journalistes nationaux et internationaux venus massivement couvrir l’événement. Les badauds à l’écart sont prudents et alertes par rapport à la nature des slogans et veulent s’assurer si les manifestations sont pacifiques et civilisées comme prévu. Une fois rassurés, ils appellent leurs parents, leurs amis et se joignent aux manifestants. C’est ainsi que le mouvement a pris de l’ampleur au fil des heures, du temps qu’il faisait plus clair et du soleil plus ardent. «On demande à ce que le gouvernement de Abbas El Fassi rende des comptes au peuple et ne soit plus impuni», crie un manifestant dans le micro de la tribune libre installée dès 14h et à laquelle est conviée toute personne ayant un talent d’orateur. Une femme prend le relais et témoigne : «La vie est devenue chère. On ne veut rien d’autres que manger des tomates, des patates, des patates et des patates…  Et puis nos enfants meurent en absorbant toutes sortes de drogues».  Vers 15h45, la manifestation se transforme en marche, «pacifique» insistent les protestataires. Ils longent le début du boulevard Mohammed V avant de revenir vers la Place. Ils feront ainsi quelques allers-retours, toujours sous la bienveillance un peu discrète des forces de l’ordre , mais aussi de milliers de téléphones portables convertis en caméra, pour le bonheur des adeptes «Facebook», devenu pour eux «le 5ème pouvoir» . Entre-temps, des vendeurs de cacahuètes, de figues de barbarie, de pop-corn et porteur d’eau ont investi la place. Offrant de petites pauses gourmandes aux manifestants, mais aussi aux couples et familles qui n’ont pas voulu zapper leur traditionnelle sortie du dimanche.
Vers 18h, le mouvement s’atténue. Toujours bienveillante, la présence des forces de l’ordre se fait plus manifeste, équipées d’une quarantaine de motos, en plus de brigades piétonnes. Elles encerclent désormais les rassemblements. Une bonne partie des manifestants avait commencé depuis quelques heures à se disperser. Mais il en reste d’autres, des nouveaux venus, plus excités, difficiles à contrôler, «fruit de la situation dénoncée par le mouvement du 20 février». Ils veulent poursuivre la manifestation, même après 19 h, heure limite fixée par le comité organisateur du mouvement du 20 février. Après le coup de 20 heures, et quelques petits dépassement, les quelques manifestants qui sont restés, ont quitté la Place Mohammed V.

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