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Une sortie tardive et douteuse

Intervenant, lundi 2 septembre 2002 à Rabat, lors d’une rencontre avec les «nadirs» de son ministère dans les différentes régions du Maroc, Abdelkebir Alaoui M’daghri, ministre des Habous et des affaires islamiques, a déclaré que «les événements qu’a connus dernièrement le royaume constituent des actes criminels qui restent isolés», mais «que certains ont voulu amplifier pour des considérations politiques», faisant ainsi allusion aux critiques et reproches dont il a fait l’objet durant la phase de confrontation entre des individus liés à des groupes islamistes radicaux et les forces de l’ordre. Alors que durant cette période il a préféré faire la sourde oreille aux appels de la société civile et des forces du progrès, le voilà qui tente de se rattraper en sortant de son silence.
Sachant que l’un des moyens efficaces pour répondre à ses adversaires consiste en le recours à la surenchère et à la manoeuvre qui frise l’intimidation, surtout en ce moment préélectoral, il a saisi l’occasion pour mettre en garde contre l’exploitation des «mosquées à des fins de campagne électorale ou partisane, ou dans toute autre campagne de nature à impliquer la mosquée dans la lutte électorale».
Oubliant ainsi que de l’autre côté, soit dans les rangs de ceux qu’il défend ou couvre d’une manière ou autre ( même avec son silence), la compagne électorale est quasi permanente. Elle se fait, chez eux et pour eux, cinq fois par jour, à l’occasion des prières, et chaque vendredi. Jour transformé en réalité en une véritable échéance hebdomadaire pour la tenue de leurs assemblées générales politiques.
Lorsque le ministre, dans son élan de polémique, fait état de la réorganisation et de l’élargissement du contrôle des mosquées par le biais de l’augmentation du nombre des contrôleurs et la détermination de la responsabilité de chacun d’entre eux», en signe de réponse à l’existence d’au moins 12 mille lieux de prière (mosquées sous- équipées) qui échappent au contrôle du ministère des Habous et des affaires islamiques, il ne fait que confirmer des faits connus pour tous. La campagne de mobilisation et de propagande durable et agressive est visible durant tous les jours que Dieu fait et l’exhibitionnisme barbu ou portant le voile est désormais partie prenante des quartiers de nos villes et campagnes. Mais là où les choses prennent un tournant dangereux, c’est lorsque le rejet par l’exhibition reste collé à la marginalité et recourt à la violence morale, verbale et physique pour s’imposer .
Depuis que le ministère de l’Education nationale, sous le mandat de Azzeddine Laraki, à l’époque membre du Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal, a décidé la fermeture des départements de la philosophie, de la sociologie et de la psychologie dans l’ensemble des facultés du Royaume ( sauf à Rabat et Fès) et d’encourager les études théologiques, le phénomène intégriste n’a pas cessé de se développer. Après avoir pris d’assaut les campus universitaires, l’intolérance à visage humain est passée à l’action dans « les bidonvilles», quartiers de la pauvreté, comme le dit le ministre concerné, mais depuis quelque temps, c’est par l’épée et les longs couteaux que les rapports de force s’installent.
Le travail «de clarification», auquel M. M’daghri Alaoui s’est livré, devrait être accompli il y au moins une décennie, soit au moment où des prêcheurs faisaient des mosquées des lieux de déclenchement de la contestation, comme du temps du Protectorat et ce, alors que la doctrine de l’Etat est claire et que les prérogatives des uns et des autres sont arrêtées. Mais, force est de constater l’absence du ministère de tutelle chargé de ce dossier et des autorités compétentes, notamment les conseils des oulémas, ces instances réduites de plus en plus à des tâches routinières de second ordre.

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