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Une télévision en déphasage par rapport à sa société

C’est une chose admise par l’ensemble du monde médiatique : les Marocains sont peu lecteurs. Par contre, ils ont du mal à se passer du média de masse numéro un du pays : la télévision. Cette dernière, indépendamment de la déferlante numérique, reste bien regardée à travers le pays. Sa large diffusion lui assure une pénétration maximale dans les foyers marocains. Toutefois, si ailleurs, en France notamment, la messe du 20h est régulièrement suivie, au Maroc, l’intérêt porté au journal télévisé en particulier est loin d’être aussi important. En France, les taux d’audience sont parlants. La star incontestée du petit écran, Patrick Poivre d’Arvor sur TFI, ou son sosie PPDA version guignol de l’information sur Canal plus, sont devenus des institutions aiguillant de l’opinion publique française. Chaque soir, le présentateur vedette s’invite, lors du souper, chez ses concitoyens. Le lot d’informations quotidiennes est passé en revue, disséqué, puis servi avec une intelligence épousant parfaitement l’air du temps.
Comparativement, l’information télévisée au Maroc est, assurément, à des années lumière. Le média préféré des Marocains leur parle peu, voire pas du tout. Le lourd héritage du passé hante toujours les émissions et journaux télévisés. Le ton juste pour accompagner au mieux les changements actuels n’est toujours pas trouvé. Le décalage par rapport à la réalité palpable de tous les jours est flagrant. Le traitement de l’actualité quotidienne, en ces temps troubles, manque de clarté.
Or, les théoriciens de l’information, Marshal Mac Luhan en tête, l’ont bien défini : le média c’est le médium. De leur côté, les praticiens l’ont bien compris et assimilé.
Face à la mondialisation, les télévisions nationales doivent relever au moins deux défis: être concurrentielles dans un marché que la mondialisation des réseaux de télévision n’a pas épargné et oeuvrer dans le sens d’une expression plus autonome et plus authentique des intérêts nationaux et régionaux. Quel sera, donc, l’avenir des télévisions nationales ? Si l’on considère le premier défi, il semble que les monopoles d’Etat ne survivront pas à la prochaine décennie. Néanmoins, il est clair que la structure étatique des télévisions nationales est à conserver. Mais certainement pas en l’état actuel. Le fossé séparant la sphère réelle et celle dans laquelle le petit écran nous catapulte doit être surmonté.
Par ailleurs, il est de la responsabilité de l’Etat de s’assurer que l’ensemble de la population ait accès à la télévision et que celle-ci soit utilisée pour un développement culturel et la satisfaction des différentes aspirations des téléspectateurs. D’autre part, c’est en cherchant leur identité que les télévisions trouveront leur place dans le marché audiovisuel mondial. Le rôle réel que la télévision peut tenir dans le processus en marche de démocratisation mérite un meilleur traitement, du moins, un meilleur suivi.
Afin d’assurer l’impartialité de leurs émissions, il serait bienvenu que les télévisions nationales emploient un personnel qualifié, surtout quand il s’agit d’émissions ou programme liés à des sujets sensibles. Des structures pourraient être mises en place pour former ce personnel à la maîtrise du système politique dans une société pluraliste. Ailleurs, la télévision va jusqu’à aider les hommes politiques à comprendre les obligations des médias, à savoir la présentation d’une information précise et objective. Hommes politiques, députés, et autres élus aux niveaux national, régional et local, bénéficient de ce programme dont le but premier est d’insister sur l’obligation qu’ont les médias de représenter tous les courants d’opinion et d’équilibrer l’information concernant le gouvernement en place et l’opposition. Mais malheureusement, la télévision n’est pas la priorité de la plupart de nos responsables qui doivent faire face à des besoins plus pressants. La place de la télévision dans le processus de démocratisation réside dans les progrès enregistrés, ou pas, en matière de professionnalisation des journalistes et des hommes politiques. En somme, c’est une affaire d’hommes et de femmes, avant qu’elle ne soit de moyens.

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