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Vache folle : Cafouillage au ministère de la Santé

Le Royaume-Uni a exporté à onze pays dont le Maroc du sang qui serait contaminé avec le « Creutzfeldt-Jakob » (CJD), la variante humaine de la maladie de la vache folle. Cette information a été rapportée par le quotidien « The Times » dans son édition d’hier.
Selon le journal britannique, ce sang a été prélevé sur neuf donateurs de sang qui sont ensuite morts à cause de cette maladie incurable. Le Maroc, qui est l’un des pays destinataires de ces exportations, figure parmi les pays où le risque de contamination serait le plus élevée compte tenu de la quantité qui y a été importée et qui est de 100 lots.
«The Times» affirme que les autorités sanitaires de la Grande-Bretagne ont contacté, la semaine dernière, les pays concernés par cette affaire et qui risquent de connaître des cas de contamination par transfusion sanguine. Ces autorités ont informé leurs homologues dans ces pays dont le Maroc qu’il existe un grand risque, en leur précisant qu’elles ont constaté la mort de neuf personnes à cause de la version humaine de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine (EBS) communément connue sous le nom de « maladie de la vache folle ».
Ces avertissements ont été envoyés par les autorités britanniques après la découverte de cas précis de personnes ayant été affectées par cette maladie incurable et qui l’ont contractée suite à des transfusions sanguines. Le quotidien «The Times» accuse le gouvernement britannique d’avoir préféré garder longtemps en secret la liste des pays qui ont reçu ce sang contaminé et qu’il aurait contacté secrètement après une période d’évaluation et une enquête menée par le département concerné, à savoir « l’Autorité de la protection de la santé ».
Ainsi, les autorités sanitaires de Londres auraient envoyé des lettres individuelles à quelque 6000 personnes les alertant qu’elles pourraient avoir contracté la maladie de la vache folle et ce malgré le fait que le risque de contamination reste minime selon ces autorités. La majorité de ces personnes souffrent de l’hémophilie et qui auraient probablement reçu du sang prélevé sur des donneurs qui sont décédés à cause de la version humaine de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine. Ces 6000 personnes auraient probablement développé cette maladie par la suite.
C’est pour cette raison que les autorités sanitaires britanniques les auraient averties de ne pas faire don de leur sang et qu’elles sont tenues de communiquer leur situation à des médecins afin d’éviter la propagation de l’infection. « Dans l’intérêt de la santé publique, nous avons décidé de prendre cette mesure de prévention », a déclaré le professeur Jeffries, directeur du centre chargé de « l’Incidence de l’Encéphalopathie Spongiforme Bovine ». Le ministre britannique de la Santé, John Reid, a ordonné la mise en marche, en décembre dernier, d’une investigation sur le risque de contraction de la maladie après avoir annoncé qu’une personne était morte des suites à cause de cette maladie qu’elle aurait contractée après avoir reçu du sang d’une personne malade. Le gouvernement avait alors interdit de faire don de leur sang à toutes les personnes qui auraient reçu une transfusion à partir de janvier de 1980, essayant ainsi d’éviter tout risque de contagion. Mais malgré ces recommandations, en juillet dernier, il a été confirmé qu’un patient, qui avait reçu du sang infecté, a développé l’agent qui déchaîne le virus. Au Maroc, les autorités sanitaires n’ont pas encore communiqué officiellement sur cette affaire. Le ministère de la santé publique, autorité chargée la protection de la santé des citoyens, n’a pas encore mené d’enquête pour déterminer la destination des 100 lots qui ont été envoyées au Maroc, selon les confirmations du gouvernement britannique. Rappelons que Londres aurait contacté les autorités marocaines et les aurait averties sur les risques que peuvent encourir les personnes qui recevraient ce sang contaminé. Mais le ministère n’aurait pas donné suite à cet avertissement. Ce qui pourrait s’expliquer par le fait qu’il y ait plusieurs intervenants dans ce domaine. Nonobstant, il est clair que le ministère, qui a la responsabilité technique et politique de répondre devant l’opinion publique sur tout ce qui concerne la santé publique, a l’obligation de mener une enquête et d’informer les citoyens sur le devenir des 100 lots de sang contaminé.
Toutefois, la Direction du centre national de transfusion sanguine considère que tout ce qui a été publié par le quotidien «The Times» sur les affirmations des autorités britanniques est infondé. La directrice de ce sang, le professeur Noufissa Benchemsi, explique que, pour elle, « il n’existe pas d’affaires de sang contaminé par la maladie de la vache folle ». Elle explique cela par le fait que « le Maroc n’a jamais importé du sang ou de ses dérivés de la Grande-Bretagne ». « D’abord, il faut savoir que le Maroc a une autosuffisance en matière de sang et qu’il n’a nullement besoin d’en importer et en plus, il est impératif de savoir que notre pays n’importe pas de dérivés de sang de la Grande-Bretagne », affirme le professeur Benchemsi avant de conclure : «Pour moi, l’affaire est close ».
Outre cette affirmation, la directrice du Centre de transfusion sanguine rajoute qu’il n’y a jamais eu d’importation de sang de ce pays, « il faut savoir que la maladie dite de la vache folle ne se transmet pas par la voie sanguine ». Selon la professeur Benchemsi, il n’existe aucun risque de contamination. Toutefois, cette déclaration contredit totalement celle de son confrère le professeur Mohamed Hassar, directeur de l’Institut Pasteur Maroc, qui affirme que la version humaine de la maladie de la vache folle peut être transmise par la voie du sang. La transfusion sanguine peut donc être à l’origine d’une contamination.
Enfin, ce qui est clair dans toute cette affaire est que rien n’est clair. D’une part, il y a des faits prouvés en Grande-Bretagne sur l’exportation vers le Maroc de 100 lots de sang contaminé, et d’autre part, nous avons une confusion totale dans le département chargé de la Santé publique qui n’arrive même pas à répondre à une question concrète à savoir : où est-ce que ce sang a-t-il atterri et qui l’a importé ? Une question simple, mais la réponse est extrêmement importante puisque des vies humaines sont en jeu.

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