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Zemmama Tyal : «Nous exigeons une loi complète»

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ALM : Quel commentaire faites-vous de ce décret ?
Sabah Zemmama Tyal : C’est un projet qui existe depuis belle lurette et ce n’est que cette semaine que son décret d’application a été publié. Comme vous pouvez le constater, ce décret traite partiellement de l’accessibilité des personnes aux besoins spécifiques et ce, en se basant sur l’aspect architectural, urbain et superficiellement sur la composante communication.

Ces dispositions sont-elles suffisantes pour favoriser l’accessibilité et par la suite l’intégration des personnes aux besoins spécifiques dans la société ?
On ne peut pas le nier, ce dispositif va favoriser, en quelque sorte, l’autonomie des personnes aux besoins spécifiques. Mais d’un point de vue personnel, je trouve que cette loi est incomplète. Comme sus-cité, le décret détaille en grande partie les moyens techniques pour les handicapés physiques avec une petite pensée pour les handicapés sensoriels. Or l’accès à l’éducation de cette population ainsi qu’au travail, sport et loisir a été négligé.

Qu’en est-il des personnes souffrant d’infirmité mentale ?
Sincèrement, je suis déçue. Aucune attention n’a été prêtée à ces personnes. C’est comme si elles n’avaient jamais existé. Et pourtant, elles représentent une grande marge des personnes aux besoins spécifiques. Vraiment, je ne vois pas l’intérêt de délaisser les personnes souffrant d’infirmité mentale. Ce sont des citoyens comme nous. Ils bénéficient des mêmes droits. Alors pourquoi cette ségrégation ?
En tant qu’acteurs associatifs, avez-vous contribué à l’élaboration de cette loi ?
En tant que militants pour la cause des personnes aux besoins spécifiques, nous avons organisé de nombreuses rencontres avec les instances concernées, notamment le département du développement social et de la famille. Nous avons débattu de plusieurs thèmes en faveur de l’insertion des personnes à besoins spécifiques dans la vie sociale, et en particulier de leur accessibilité. Toutefois, il y a encore du chemin à faire. On ne peut point atteindre le stade d’autosatisfaction car je le redis, cette loi est incomplète. Pour s’intéresser aux autres catégories des personnes aux besoins spécifiques, il faudra attendre une nouvelle loi. Et Dieu sait combien de temps nécessitera son élaboration.

Quelles sont vos recommandations dans ce sens ?
Nous exigeons une loi complète qui réponde aux besoins de toute personne à besoin spécifique. Chaque handicap nécessite des moyens particuliers. Nous devrons, par ailleurs, nous intéresser aux handicapés mentaux. C’est l’une des recommandations primordiales. Cette population a, également, besoin de s’autonomiser. Contrairement à ce que l’on peut croire, les personnes à infirmité mentale ne sont pas invalides. Plusieurs métiers leur sont appropriés. Ces personnes ont du potentiel. Pour favoriser cette accessibilité, il faut commencer par installer une signalisation par pictogramme national en faveur de ces personnes. De même, il est nécessaire de leur déployer des lignes particulières pour assurer leur mobilité ainsi qu’une aide humaine pour les accompagner. À la veille des élections, il faut penser à un modèle de vote pour impliquer ces personnes dans la vie politique. Un vote par tuteur leur sera bénéfique pour qu’elles puissent enfin faire entendre leurs voix et défendre leurs droits.

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