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Smartphones, tablettes… : Un danger imminent pour nos enfants ?

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Ils passent beaucoup de temps avec les écrans

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La praticienne recommande aux parents de respecter les règles d’usage des écrans, à savoir : pas d’écrans avant 3 ans, pas de consoles portables avant 6 ans, pas d’Internet avant 9 ans et Internet seul à partir de 12 ans.

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De nos jours, Il n’est plus surprenant pour nous de voir des enfants en bas âge manipuler des appareils électroniques. L’usage des tablettes et smartphones n’est plus limité aux adultes. Bien au contraire, ces appareils sont de plus en plus à la portée des enfants, et ce à partir d’un âge très précoce. A 18 mois, Inès fait déjà défiler avec habilité les applications sur le téléphone de sa maman. Elle sait même repérer YouTube et choisir la «playlist» de son choix. Le cas d’Inès est loin d’être isolé. Nombreux sont les enfants de son âge à troquer les jouets d’éveil contre un écran. Mais un usage intensif met en danger la santé des enfants. Quelle est la responsabilité des parents et quels sont les bons gestes à adopter ?

Il faut d’abord souligner que les parents sont souvent surpris par la dextérité et la facilité de manipulation de ces appareils acquis par leurs enfants.  Malheureusement la majorité d’entre eux ignore le danger de cet usage. Le danger le plus relevé par les parents est d’ordre oculaire. En effet, la lumière bleue des écrans a un effet néfaste sur les yeux, mais cette surexposition impacte également de façon considérable le développement de l’enfant. Face à la grandeur de ce phénomène dans notre société, il est utile d’interpeller les parents sur les risques de la dépendance aux écrans et les initier aux bonnes pratiques pour épargner leur progéniture de ce danger.

Ecrans : Décor ou danger ?

Dans une ère hyper connectée, les écrans (télévisions, ordinateurs, smartphones, tablettes…) sont devenus partie intégrante du décor domestique. Les parents ont souvent tendance à initier, spontanément, leurs enfants à cet usage. Et pour cause : cette exposition occupe les bouts de chou pour un moment libérant ainsi la maman ou le papa de sa mission de parent qui, trop souvent, est difficile à gérer au quotidien. «Les smartphones, tablettes et autres écrans semblent de plus en plus jouer le rôle de baby-sitter, comme un substitut des interactions sociales, et comme la seule forme de divertissement pour les enfants et les familles», explique Lamya Lamrani, psychologue clinicienne. Et de constater que «l’enfant se trouve  donc dans une certaine passivité face à l’explosion de stimulus provenant des écrans alors que son cerveau n’est pas encore prêt pour recevoir, analyser et donner du sens à tout ce flux». L’exposition précoce aux écrans peut engendrer une introversion chez l’enfant entravant son épanouissement personnel. Cette attitude est souvent confondue avec l’autisme. Pour lever toute ambiguïté, la praticienne précise : «L’exposition aux écrans ne rend pas autiste mais peut être un facteur déclencheur s’il y a prédisposition génétique». La psychologue fait par ailleurs observer que  beaucoup d’enfants exposés précocement aux écrans présentent une symptomatologie assez proche des troubles envahissant le développement, avec essentiellement un retard du langage, et absence d’initiative sociale. «Dès qu’on recommande aux parents d’arrêter l’usage de la télévision et de mise en place d’interactions avec leur enfant, une cascade de comportements dits positifs apparaissent, ce qui élimine l’hypothèse du spectre autistique qui est supposé être un trouble neuro-développemental plus complexe», explique Lamya Lamrani.

Surexposition : Qu’en est-il du cerveau ?

Cliniquement, l’usage excessif des écrans impacte l’activité cérébrale de l’enfant. «On  a observé, praticiens et chercheurs, chez l’enfant surexposé aux écrans, une nette prédominance de l’activité cérébrale dans l’hémisphère droit, celui qui traite l’information de façon émotionnelle. Par conséquent, l’esprit critique est annihilé et la capacité d’apprendre diminue», apprend-on de la psychologue. Le retard du langage est la première chose observée dans ce sens. Les recherches liées à cette problématique relèvent également chez l’enfant surexposé aux écrans une réduction de la capacité d’attention ainsi que le surpoids. «La télévision, à titre d’exemple, affecte la capacité de représentation de l’enfant, autrement dit, sa faculté d’imagination. Il est également avéré que la consommation télévisuelle augmente les cauchemars, les troubles du sommeil, aussi bien chez le bébé que chez l’enfant ou l’adolescent. De plus, l’exposition aux images violentes serait un facteur parmi d’autres ayant un impact sur  la capacité d’empathie des enfants et leurs performances sociales», indique la praticienne. Selon cette dernière, ce phénomène pourrait être expliqué par la réaction du  cerveau comme s’il était exposé à une situation réelle. Il se met en état d’alerte, en  mobilisant ainsi le système limbique ou, autrement dit, le siège des émotions, avec des réflexes de fuite ou d’agression. Et, à force de se familiariser aux mêmes genres d’images, ce système d’alerte subit une désensibilisation. Ainsi, progressivement, les enfants s’habituent à la violence et en viennent à la reproduire sans émotion dans les cas les plus sévères.

Usage des écrans : A partir de quel âge ?

Dès les premiers mois de sa naissance, l’enfant a besoin de temps pour jouer ou plus précisément pour apprendre à jouer. «L’enfant apprend en explorant son environnement, en utilisant tous ses sens pour découvrir, il est curieux et motivé pour apprendre quand son environnement lui permet. J’entends par là la disponibilité des parents et leur interaction avec l’enfant afin de parvenir à la construction de son développement psycho-affectif essentielle et cruciale pour son équilibre psychologique mais aussi pour son développement psychomoteur et cognitif», affirme la psy. Plusieurs scientifiques et surtout chercheurs dans le domaine du développement de l’enfant n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme sur l’hyper stimulation ou l’utilisation précoce des écrans. «Les praticiens sont d’accord à l’unanimité d’interdire son utilisation aux enfants de moins de 3 ans si l’exposition est passive et prolongée, sans présence humaine interactive et éducative», souligne la psychologue.

D’après une étude de l’institut britannique Childwise, réalisée en 2015, il est fortement déconseillé de laisser ses enfants aller au lit avec une tablette ou un appareil à écran. Or, 1 enfant sur 10 âgé de moins de 4 ans est autorisé à se glisser sous les draps avec un programme sous les yeux, bien que ses parents soient avertis des dangers que peut provoquer la vision nocturne sur la santé.

Toutefois, une utilisation contrôlée de la part des parents et de l’environnement de l’enfant en général pourrait réduire ses effets secondaires. «Les tablettes tactiles par exemple peuvent contribuer, avec l’aide d’adultes, à l’éveil précoce au monde des écrans, à l’imitation différée et stimulation sensorielle», explique la praticienne. Interrogée sur les durées d’usage, la psychologue indique qu’«il est conseillé par exemple de limiter l’utilisation de la télé/DVD de 30 à 60 minutes par jour pour les enfants entre 3 et 6 ans. Quant à l’utilisation d’internet et réseaux sociaux, il est préconisé de ne pas dépasser 30 minutes et ce à partir de 9 ans avec une surveillance bien entendu des sites visités, il existe actuellement des logiciels qui permettent de limiter certains sites pour les enfants».

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Les bonnes pratiques à suivre

Au Maroc, il est impossible de quantifier le phénomène de la surexposition aux écrans faute d’études et de statistiques. Les parents, pour leur part, ne sont interpellés sur ce danger que lorsqu’il y a un retentissement sur le développement de l’enfant. «On commence à devenir de plus en plus conscient de l’impact des écrans sur le développement de l’enfant. C’est le rôle également de l’école et des médias d’exposer cette problématique et de parvenir à sensibiliser l’environnement familial de l’enfant», affirme Lamya Lamrani. La praticienne recommande aux parents de respecter les règles d’usage des écrans, à savoir : pas d’écrans avant 3 ans, pas de consoles portables avant 6 ans, pas d’Internet avant 9 ans et Internet seul à partir de 12 ans. «Il est donc très important d’encourager dès le jeune âge les bonnes pratiques, de communiquer avec les enfants en leur expliquant les risques et les raisons pour lesquelles on instaure les règles de conduite face aux écrans, leur introduire les notions de sécurité, leur proposer des alternatives de jeux dans un espace réel et sorties en plein air, les stimuler via des activités qui suscitent leur créativité et leur imaginaire ainsi que de les sensibiliser face aux notions de droit à leur image dans les réseaux sociaux. Il faut donc les responsabiliser plutôt qu’interdire son utilisation», indique-t-elle. La praticienne insiste par ailleurs sur le partage du temps avec l’enfant pendant la visualisation de la télévision et tout autre écran. La nécessité étant d’échanger avec lui et de donner du sens à ce qu’il voit et ce qu’il reçoit comme informations.

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