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Abou Mazen «perce» l’Histoire…

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Le président de l’Autorité palestinienne a surpris les dirigeants politiques et militaires israéliens, par la rapidité de son action. Dès la première semaine de son mandat, il a su montrer sa voie nouvelle, par ses déclarations contre « l’Intifada armée ». Il ne s’agit pas de slogans mais d’une conception du monde qui se traduit, à présent, en termes politiques.
Au lendemain de son élection, Mahmoud Abbas (Abou Mazen) voulait, peut-être, d’abord fêter sa victoire. Le grand attentat dans le barrage militaire israélien de Karni l’a surpris. Le double attentat-suicide et les tirs de roquettes Kassam sur la ville de Sdérot allaient provoquer une pression israélienne et internationale qui l’encouragea, sans tarder, à déployer des forces de police palestiniennes.
Avec l’entrée en fonction de Condolezza Rice, les Etats-Unis ont repris leur intervention dans la région, incitant les Israéliens à alléger leurs actions envers les Palestiniens et à arrêter la construction du « mur de sécurité », à geler les colonies et, surtout, à éviter de mettre en péril le pouvoir d’Abou Mazen. D’autant que les mesures prises par le président de l’Autorité palestinienne ont eu pour résultat un calme des plus marqués depuis la « houdna de l’été 2003 ».
Le grand quotidien israélien « Haaretz » a publié un article de Najib Majali, – journaliste de « Charq Al Aousat » à Londres, et commentateur connu de la télévision arabe -, expliquant : « Israël (par ses menaces) avait envisagé trois opérations militaires possibles, après les attentats-suicides de Karni, de la plus limitée à la plus globale, pour « faire cesser les tirs de roquettes sur les villes et villages israéliens proches de Gaza ».
Le nouveau président élu, ajoute Najib Majali, est sorti de ses gonds. Il a déployé ses policiers et menacé les organisations dissidentes, en ordonnant de mettre fin aux tirs de roquettes.
Abou Mazen, rappelle le journaliste palestinien, a mené, au cours des vingt dernières années, une ligne nouvelle et courageuse, pour influencer la pensée et l’action palestiniennes. Dirigeant pragmatique, il a adopté la voie de la paix pour libérer son peuple de l’occupation militaire. Et, surtout, pour arriver à un arrangement politique qui respecte le droit légitime des Palestiniens à un Etat indépendant. Face aux difficultés, Abou Mazen ne s’est jamais découragé.
Aujourd’hui, poursuit Najib Majali, après avoir été démocratiquement élu président, sa nouvelle position lui donne la force de promouvoir ses positions politiques. Il a su le faire sans tarder, à sa manière.
Exactement comme Sharon qui essaie de faire avancer son plan de désengagement de Gaza, malgré une controverse pouvant aller jusqu’à la guerre civile israélienne.
Mahmoud Abbas tente, de son côté, d’éviter un déchirement de son peuple et la provocation d’un « bain de sang », affirme Najib Majali. Cette position le renforce auprès de l’opinion palestinienne, cela va sans dire. Il n’est, donc, pas question de présenter les actions du président élu, comme un résultat de la pression israélienne, car cela pourrait avoir des conséquences néfastes sur tout le processus. Il affirme : « Abou Mazen n’est pas au service des Israéliens et rien ne permet de le voir ainsi comme le prétendent certains extrémistes ». C’est un dirigeant qui a pris sur lui une mission historique, affirme le journaliste, et il l’a remplie « en osmose avec l’opinion palestinienne».
Les Israéliens, sous la pression de Washington pour donner sa chance à Mahmoud Abbas, semble-t-il, ont compris qu’ils devaient faire preuve de retenue en évitant de déclencher une grande opération de représailles contre Gaza. Abou Mazen a, donc, pu s’y rendre pour obtenir une trêve et déployer ses troupes de sécurité. Le cessez-le-feu est fragile et peut être remis en cause à tout moment.
Les déclarations qu’il a faites dans sa campagne électorale étaient fidèles à celles du défunt président Yasser Arafat. Pourtant, on y voit de nouveaux signes. Abou Mazen a su agir, sans attendre la réponse israélienne aux exigences palestiniennes. Il a gagné, ainsi, par avance aux yeux de l’opinion internationale. Un analyste du quotidien “Haaretz”, – Alouf Ben -, constate : « Sharon a compris que ce n’était pas l’heure d’exiger « l’éradication du terrorisme », avant tout progrès et qu’il valait mieux laisser Abou Mazen faire ce qui est en son pouvoir. Ce sont là de bons présages en vue de la reprise du dialogue entre les deux hommes ». Un autre analyste dans le journal populaire “Yediot Aharonot” constate que « tout se passe si vite ces derniers jours qu’il est difficile d’en suivre le rythme : Israël annonce le gel des opérations militaires, les Palestiniens font des efforts louables pour éviter les violences et les envoyés américains sont de retour dans la région ».
Le ministre de la Défense, Shaül Mofaz, et le chef de la Sécurité palestinienne, Mohammed Dahlan se sont rencontrés, dimanche dernier, à Tel-Aviv, comme aux beaux jours de la coordination sécuritaire. Et dans peu de temps, ils annonceront le retour à la situation d’avant le début de l’Intifada, le 29 septembre 2000.
Plus question de dire « pas de négociations sous le feu ». Car plus de 3.000 Palestiniens, des civils non armés et des mineurs, ont été tués. Plus de 1.000 Israéliens ont été victimes des attentats-suicides. Tout cela pour revenir au point de départ.
La semaine dernière, Mahmoud Abbas a déclaré : «Discutons ! », et Sharon est allé jusqu’à constater une nouvelle « percée historique », dans les relations entre Israéliens et Palestiniens : «L’année 2005 peut donc redevenir l’année de la création d’un Etat de Palestine avec des frontières définitives, comme l’a prévue la «feuille de route».

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