Le tribunal de Boumerdès (50 km à l’est d’Alger) a prononcé mardi 28 condamnations à des peines de prison ferme, dans un procès pour "fraudes" et "défauts de construction", à l’origine du lourd bilan des effondrements lors du séisme survenu dans la région en mai 2003.
Trente huit personnes étaient poursuivies dans ce procès, entamé le 13 juillet et qui avait requis plusieurs années d’instruction. Vingt sept d’entre elles, en majorité des entrepreneurs et des responsables au sein d’établissements publics, bureaux d’études et d’architectes, ont été condamnées à deux ans de prison, assorties d’une amende de 50.000 dinars. Le tribunal a en outre condamné à trois ans de prison ferme par contumace, un ex-responsable d’établissement en fuite, et prononcé 10 acquittements. Des responsables chargés du suivi de projets de logement et des techniciens opérant au niveau de divers bureaux d’études, de même que des responsables d’Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI) et une quinzaine d’entrepreneurs en charge de la réalisation des bâtiment, étaient au banc des accusés. Sur plainte du ministère de l’habitat qui impute le nombre élevé des morts et des dégâts à des "facteurs humains", les mis en cause étaient poursuivis ""pour mauvaise conception des projets, manque de suivi et de contrôle, non qualification des entreprises de réalisation, manque de qualification des bureaux d’études, manque de coordination entre les intervenants et mauvaise qualité des matériaux de construction", entre autres.
Le procureur général avait requis des peines de deux à trois ans de prison ferme et une amende de 100.000 dinars contre les accusés dont un directeur de l’Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), un PGD de l’Entreprise de promotion du logement familial (EPJF) et un P-DG de l’entreprise de promotion immobilière, affiliée à la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) ainsi que des promoteurs privés.
D’après le réquisitoire du procureur, "le facteur humain" a été déterminant dans le nombre élevé de victimes. Par delà la violence du séisme, le procureur a mis en cause la mauvaise gestion de la plupart des projets touchés par la secousse, le trucage dans la réalisation de bâtiments, et la mauvaise conception des plans y afférents, etc. Le tremblement de terre de magnitude 6,8 degrés, survenu le 21 mai 2003, avait touché les régions d’Alger et de Boumerdès, faisant 2300 morts et plus de 10.000 blessés.