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Algérie : un score très contesté

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«Bouffonnerie» ou encore «tsunami totalitaire», c’est par ces mots que l’opposition algérienne avait qualifié le référendum sur la charte de la paix et de la réconciliation, tenu jeudi dernier.   
D’après les chiffres annoncés par le ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, le "oui" au référendum a remporté, en incluant le vote des Algériens résidant à l’étranger, 97,36% des voix, contre 2,64% au "non". Le taux de participation totale a atteint, selon les chiffes officielles, 79,76%.
Pour le seul territoire national, le "oui" a obtenu 97,43% des voix, contre 2,57% "non" avec un taux de participation de 82,04%.
Les électeurs algériens établis à l’étranger, 903.727 inscrits au total, se sont dans leur majorité abstenus, la participation n’ayant atteint que 35,91%, les "oui" (94,18%) dépassant largement les "non" (5,82%).
Réagissant à ces résultats, Hocine Aït Ahmed, chef du Front (FFS), a qualifié le référendum d’un véritable "tsunami totalitaire". Dans une déclaration à l’AFP, le chef du plus vieux parti d’opposition a critiqué l’attitude des autorités françaises pour avoir salué dans ce scrutin une consultation démocratique.
Hocine Aït Ahmed a déclaré que ces résultats étaient prévisibles et que le référendum est une grande plaisanterie. «Un tsunami totalitaire a totalement évacué toute expression des contestataires. Les résultats, d’ailleurs attendus, parlent d’eux-mêmes : cette affaire aura été une farce de bout en bout,» a-t-il dit à l’agence française.
Pour Saïd Sadi, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, le référendum a fini comme il a commencé, dans la bouffonnerie.
«Selon nos estimations, le taux de participation a été multiplié par quatre,» a déclaré M.Sadi à l’AFP. Il a ajouté que depuis 1962 (date de l’indépendance du pays), l’Algérie est dans une perpétuelle fraude.
Selon lui, en Kabylie des lycées ont été remplis de personnes amenées d’ailleurs par des militaires pour participer au vote.
Le jour du référendum, la Kabylie avait observé une grève générale manifestant ainsi leur rejet de la charte du président Bouteflika. 
«Kabylie : la descente eux enfers», titre le quotidien algérien l’Expression. «En ne votant pas, la Kabylie marque sa différence avec le reste de la nation. Et cela pose problème, au moment même où le pouvoir s’emploie à conforter une unité de la nation, mise rudement à l’épreuve. Jamais, depuis les évènements du Printemps noir 2001, la situation en Kabylie n’a été aussi tendue,» note le quotidien.
Le quotidien Le Soir d’Algérie a, quant à lui, fait une lecture des résultats qui ne manque pas d’intérêt. «A savoir 79,76 % comme taux de participation nationale, desquels l’on s’est octroyé 97,43 % de “oui” ne concédant que 2,57 pour le “non”. En d’autres termes, ces chiffres voudraient dire que huit Algériens sur dix ont voté jeudi et que pratiquement seuls deux Algériens sur cent “se sont trompés de vote” en glissant un bulletin “non” dans l’urne. Ce qui est franchement inimaginable et qu’aucun régime, à travers le monde et l’Histoire, ne peut prétendre pouvoir réaliser», s’indigne le quotidien.
Pour le Soir d’Algérie, ce référendum est un véritable retour en arrière. «En amont comme en aval, ce référendum, duquel était arbitrairement exclue l’opposition, inaugure officiellement une nouvelle ère politique pour le pays: celle du retour à l’avant 5 octobre 1988…», résume le journal.

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