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Algérie : vers une présidence à vie

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C’est désormais officiel. Le Front de libération nationale (FLN) a rendu public son fameux projet de réforme constitutionnelle en plaidant pour un nombre illimité de mandats pour le président algérien. L’annonce a été faite par le chef du parti majoritaire, Abdelaziz Belkhadem, à l’ouverture de la session extraordinaire de l’instance exécutive du FLN. Une annonce qui a poussé le quotidien algérien El Watan à titrer en Une: « Le FLN remet en cause la démocratie ».
Le principal changement que l’ancien parti unique compte apporter à l’actuelle constitution concerne l’article 74. Cet article stipule que le mandat présidentiel dure cinq ans et le président de la République n’est rééligible qu’une seule fois. Avec cette nouvelle monture de la Constitution algérienne, conçue par le FLN, il n’y aura plus question de limitation de nombre de mandats. 
Une monture sur mesure vue la conjoncture actuelle. En effet, elle assure la présidence à vie pour le président algérien, Abdelaziz Bouteflika et permet à son successeur d’accéder facilement au poste de chef d’Etat. Plusieurs observateurs présentent Abdelaziz Blekhadem, le secrétaire général du FLN comme un éventuel héritier du "trône". Le FLN veut instaurer un poste de vice-président de la République. Le but, selon Belkhadem, est d’éviter que le pouvoir exécutif ne soit pas bicéphale en Algérie. C’est le président algérien qui désigne celui qui sera le vice-président.
Ce dernier devra assurer son intérim en cas d’incapacité ou de maladie et ce jusqu’aux prochaines élections. Le vice-président a aussi le droit de se présenter comme candidat aux présidentielles.
« Un tel scénario, écrit le quotidien El Watan, serait un saut dans l’inconnu et l’Algérie risque d’enterrer de précieux acquis démocratiques arrachés de hautes luttes et de sacrifices ».
Ce n’est pas uniquement la nature des propositions du FLN, pourtant dépassées, qui dérange. Mais aussi la manière dont ces suggestions sont formulées.
Le journal El Watan reproche au parti de Belkhadem "d’avoir monopolisé le débat sur une question aussi importante que délicate". « D’abord, parce que tout projet de révision constitutionnelle doit faire l’objet d’un débat public et national. Ensuite, parce que toute modification de la loi fondamentale doit être l’œuvre de spécialistes en droit constitutionnel afin de veiller au respect du constitutionalisme démocratique», estime El Watan. Le quotidien remarque aussi que «l’absence, dans les Constitutions de certains Etats (en Afrique surtout), d’une clause limitant les mandats, a fait le lit des présidences interminables ».
Et il faut le reconnaître que dans plusieurs pays africains, la Constitution ne suit presque jamais l’évolution des sociétés, mais vise plutôt le renforcement du pouvoir de ses dirigeants en leur permettant de régner à vie. Le pouvoir algérien semble ainsi vouloir s’inspirer de ses voisins, notamment la Libye ou encore le Tchad. «Par petites touches, les (minces) avancées démocratiques arrachées dans les années 80 et 90 se délitent peu à peu et ce n’est sûrement pas la dernière version FLN de la Constitution (certes sous réserve de confirmation des amendements réduisant les libertés et octroyant un mandat à vie au président) qui va redynamiser un champ politique national amorphe ou relever le niveau d’une pensée politique au ras des pâquerettes», renchérit, pour sa part, l’éditorialiste du journal "L’Expression".

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