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Allemagne : G8, le sommet de tous les dangers

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Dans la panoplie des forums internationaux, le G8 a pris l’habitude ces dernières années de se présenter comme un club très select où la place sur la photo finale vaut toutes les distinctions. Ses membres affichent avec une certaine condescendance et un narcissisme certain leur puissance politique et économique. Rarement le théâtre d’éclats ou d’étincelles, le G8 est un lieu traditionnel de consensus et de compromis dont la quiétude et l’autosatisfaction ne sont perturbées que par les cris rageurs et lointains des altermondialistes.
 Le sommet du G8 que s’apprête à organiser l’Allemagne dans la station balnéaire de Heiligendamm a toutes les chances de rompre avec cette posture engoncée, d’abord parce que d’une part la situation internationale frôle les dangereuses lignes de rupture entre une Chine mise sous pression, une Russie acculée, une Amérique désorientée et une Europe soucieuse de son avenir. Ensuite, le renouvellement de génération des chefs d’Etat en train de s’opérer doucement augure la création d’un nouveau style, la production d’un nouveau langage susceptible, là aussi, de faire bouger les lignes.
 Parmi ces hommes neufs qui s’apprêtent à faire leur entrée sur la scène internationale et à subir leur baptême du feu se trouve le tout nouveau président français Nicolas Sarkozy pour qui ce sommet est à la fois une occasion rêvée d’accéder à une visibilité internationale, mais aussi un exercice délicat de confronter à la réalité les engagements et les promesses fraîchement déclamées lors de la toute récente campagne électorale présidentielle. Sous les flashs crépitant des photographes, il aura certes à serrer les mains mais aussi à formuler des positions avec  des mots que son opposition domestique va scruter avec la plus grande attention. Avec le président américain Georges Bush, Nicolas Sarkozy s’attend au grand jeu de la séduction et des retrouvailles. Les clichés de marque d’amitié excessive, d’affection débordante sont au programme pour bien marquer la fin de l’ère  glaciale Chirac-De Villepin qui a vu Paris et Washington établir les relations les plus exécrables de leur histoire. Mais ces manifestations de joie ne parviendraient certainement pas à cacher les divergences de fond entre les deux hommes qu’il s’agisse de l’épineux problème du réchauffement de la planète, de la gestion de la présence militaire  étrangère en Afghanistan ou même de la parité euro/dollars.
Avec la Russie de Vladimir Poutine et malgré sa promesse d’user un langage franc, Nicolas Sarkozy aura besoin d’un trésor de diplomatie pour dialoguer avec un président russe qui débarque en Allemagne remonté contre l’Amérique et ses alliés européens et leur persistance à vouloir installer un bouclier antimissile. Dans un langage qui fleure bon la guerre froide, Poutine avait formulé des menaces très claires : «Si les capacités nucléaires américaines se développent à travers le territoire européen, nous  devrons nous donner de nouveaux objectifs en Europe».
Avec la Chine dont la politique en Afrique est pointée du doigt, Nicolas Sarkozy qui s’est proposé d’être le rapporteur du sommet sur la crise du Darfour aura à interroger l’entêtement chinois à protéger le président Omar El Béchir dont le régime encourage les «Janjawid» à se livrer sinon à un «génocide» pour reprendre l’appellation américaine de ce drame, du moins à un méthodique nettoyage ethnique de la région du Darfour. Pour parer aux critiques prévisibles à l’encontre de sa politique africaine, la Chine a  déjà préparé l’axe de sa défense : «La Chine souhaite souligner qu’il n’existe ni modèle invariable ni norme intangible en matière de bonne gouvernance».
Le réchauffement de la planète et la marge de manœuvre des grands pays émetteurs de gaz , la crise du Darfour et les difficiles choix politiques à prendre, les difficiles relations avec la Russie et la Chine interpellées sur leur volonté agressive et expansionniste, l’impasse américaine en Irak, la situation explosive au Proche-Orient… autant de sujets brulants qui donnent à ce G8 de Heiligendamm une importance particulière.
Les adieux à Tony Blair et les vivats de bienvenue à Nicolas Sarkozy sous l’œil bienveillant d’une Angela Merkel faisant, elle aussi, ses premières armes sur la scène internationale, ne feront pas oublier que pour la première fois depuis des années, le spectre de la guerre froide rôde. Le frisson à Heiligendamm est garanti.
 

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