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Allemagne : Schröder in extremis

La courte victoire de l’alliance gouvernementale sortante menée par Gerhard Schröder faisait figure ce lundi d’une seconde chance accordée à cette coalition SPD-Verts loin d’avoir bénéficié d’un soutien massif des électeurs, comme cela avait été le cas en 1998.
Le SPD du chancelier a tout de même terminé en tête de tous les partis, mais avec seulement 8.864 voix de plus que la CDU-CSU d’Edmund Stoiber. Ce qui ne lui confère que trois sièges supplémentaires (251 députés contre 248) sur les Démocrates-chrétiens au Bundestag.
Les Ecologistes, partenaires des Sociaux-démocrates, sont arrivés en troisième position, avec 55 sièges, offrant ainsi au SPD une présence plus confortable à la Chambre des députés. Schröder a-t-il été sauvé par les Verts et leur score historique de 8,6 % ? Le parti du chancelier a en effet enregistré un net recul depuis les législatives de 1998 (38,5% contre 40,9%), et devait donc aborder son retour politique avec un double handicap : le désaveu d’une partie de l’électorat et une majorité faible au niveau parlementaire. Une victoire «très douloureuse» selon Gerhard Schröder lui-même, sauvé par les récents événements nationaux comme internationaux, et par la présence à ses côtés du très populaire ministre des Affaires étrangères (Verts) Joschka Fischer. Alors que pendant des mois, le SPD ne cessait de reculer dans les sondages, les inondations de la mi-août avaient redonné au chancelier l’occasion de démontrer sa capacité à gérer les crises. Le dossier irakien, intervention contre laquelle M. Schröder est catégoriquement opposé, avait ensite accentué sa côte de popularité malgré la nette dégradation des relations entre Berlin et Washington.
L’opposition, malgré sa défaite, ne peut cependant sortir que plus motivée du scrutin de dimanche. La CDU/CSU autrefois dirigée par Helmut Kohl est en effet le parti qui a le plus progressé, laissant apparaître une nette fracture dans le paysage politique allemand. La seule contre-performance – de taille – enregistrée par les conservateurs a été celle du candidat à la chancellerie et chef régional de la Bavière, Edmund Stoiber. De ces législatives, on retiendra d’ailleurs le long face à face entre les deux personnages extrêmes : Gerhard Schröder et Edmund Stoïber. Le premier, âgé de 58 ans, a toujours été plus populaire que son adversaire.
Très à l’aise avec les médias et habile en matière de gestion politique, Gerhard Schröder a toujours su rebondir malgré son échec cuisant sur le front du chômage. Issu d’un milieu modeste, il est devenu avocat dans les années 70 avant de devenir député SPD en 1980. Son plus gros «coup» reste certainement la victoire de son parti contre la CDU d’Helmut Khol en 1998. Très soucieux de son image, le chancelier a aussi souvent usé d’une certaine extravagance, notamment lorsqu’il a saisi la justice en 2002 pour arrêter les rumeurs selon lesquelles il se teignait les cheveux ! Sa vie privée tumultueuse (quatre mariages) s’est peu à peu assagie depuis qu’il est à la tête du gouvernement. Un mode de vie qui est en totale contradiction avec celui de son principal rival politique.
Le conservateur Edmund Stoiber est en effet un féru du «devoir» qui s’est donné pour mission de remettre l’Allemagne sur le chemin de la discipline : contre l’Europe, contre l’immigration, contre l’abandon du nucléaire. Une austérité qui lui a valu un manque cruel de capital-sympathie malgré les efforts de son directeur de campagne pour changer l’image de ce fervent catholique de 60 ans qui ne semblait en tien prédestiné à la politique. Issu d’une famille pauvre, ce Bavarois rêvait – comme Schröder ! – de football avant de devenir étudiant en droit, puis avocat. Il a toujours suivi une ligne droite dans son ascension politique – il est entré à la CSU à 17 ans – comme dans sa vie privée. Il est marié à Karina depuis 34 ans et est père de trois enfants.

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