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Amnistie saoudienne : Geste d’apaisement ?

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L’offre est, bien entendu, conditionnée par une réelle repentance des islamistes radicaux recherchés qui ont désormais la possibilité de se racheter dans un délai fixé à trente jours. « Ceux qui se rendent de leur pleine volonté dans un délai d’un mois au maximum à partir de ce jour, seront en sécurité (…) et seront traités conformément aux droits que leur accorde la chariâ», a déclaré le prince Abdallah au nom du roi Fahd. C’est probablement suite au coup dur porté à Al-Qaïda ces derniers jours que les dirigeants saoudiens ont tendu une perche de repentance aux sympathisants du réseau de Ben Laden en leur offrant une amnistie dans l’espoir de saper tout soutien au groupe terroriste dans le royaume. Une initiative osée certes mais que certains observateurs interprètent comme une sérieuse crainte de la part des autorités des Lieux Saints qui semblent en position de faiblesse. Dans le même ordre des choses, un islamiste saoudien modéré du nom de Mohcine Al Aouaji, cité par l’AFP, a appelé le gouvernement de son pays à prendre « des initiatives pratiques, comme la libération des détenus contre lesquels aucune charge n’a été retenue ». Al Aouaji, qui participe avec d’autres personnalités à favoriser le dialogue entre les activistes et les autorités a ajouté que « L’amnistie offerte par le gouvernement donnera une forte impulsion au comité de bons offices ». Cependant, le prince Abdallah a tout de même souligné que cette amnistie « ne témoigne pas d’une faiblesse » du gouvernement et menacé de « frapper avec force » ceux qui refusent de se rendre dans ce délai.
Le roi Fahd avait promis dimanche que son pays vaincrait le terrorisme qui le frappe depuis plus d’un an, dans son adresse annuelle au Conseil consultatif.
Les autorités saoudiennes ne permettraient pas « à un groupe subversif poussé par une pensée déviante de saper la sécurité de ce pays ou de le déstabiliser », avait affirmé le souverain saoudien. L’offre du serviteur des Lieux Saints est intervenue cinq jours après la mort du chef d’Al-Qaïda dans le royaume, Abdelaziz al-Mouqrin, tué le 18 juin par les forces de l’ordre, après que son groupe ait accentué sa guerre contre le gouvernement en multipliant les attaques contre les Occidentaux dont l’un a été décapité. En effet, depuis début mai, une série d’attaques meurtrières a visé les Occidentaux dans le royaume. Le groupe d’al-Mouqrin, qui représente Al-Qaïda dans la péninsule arabique, a revendiqué ces attentats, et a continué à défier les autorités saoudiennes après la mort de son chef, en s’engageant à poursuivre le «jihad». Il semblerait même qu’un ancien policier saoudien, Saleh Mohammad Al-Oufi, aurait été nommé à la tête de la section saoudienne d’Al-Qaïda, dont les trois chefs précédents ont péri. Plusieurs organes de presse arabes ont rapporté en début de semaine que Saleh Al-Oufi, 38 ans, qui figure sur la liste des personnes les plus recherchées par la police en Arabie saoudite, est le nouveau chef du réseau Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
Il «a été désigné chef d’Al-Qaïda en Arabie saoudite pour succéder à Abdelaziz al-Mouqrin», rapporte le quotidien Asharq Al-Awsat, édité à Londres à capitaux saoudiens, citant un communiqué qu’il attribue à Al-Qaïda. Cette désignation est aussi annoncée par un organisme saoudien, basé à Washington, «The Saudi Institute», qui se présente comme une institution indépendante. «Al-Qaïda a nommé Al Oufi, 38 ans, comme son nouveau chef», écrit cet organisme dans un courrier électronique reçu lundi par le bureau de l’AFP à Dubaï. «Saleh Al-Oufi est le plus dangereux» des cadres d’Al-Qaïda toujours en vie en Arabie saoudite, peut-on lire en la Une du quotidien arabe Al-Hayat. Cependant, aucune confirmation de cette succession n’a été fournie par Al-Qaïda via les sites Internet que le réseau utilisait jusque-là pour faire parvenir aux médias ses communiqués et autres documents sonores ou vidéos. Ce qui revient à dire que le danger plane toujours sur le royaume, comme en témoigne la déclaration du chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal. Ce dernier a en effet estimé mercredi que l’élimination d’al-Mouqrin était «un grand coup pour cette organisation», ajoutant toutefois qu’il «ne faut pas en conclure que le danger est fini».
Pour le prince Al-Fayçal, l’important, c’est qu’il y ait une «détermination à faire face à ces criminels», a-t-il dit dans une conférence de presse. Ce qui est certain en tous cas, c’est que les menaces terroristes demeurent très sérieuses en Arabie saoudite, d’où la mobilisation constamment renforcée des autorités saoudiennes.

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