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Aubry sculpte en catimini sa candidature

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Une chose est certaine. La tâche de Martine Aubry paraît herculéenne: comment organiser un parti politique tenté par les irrésistibles voix des divisions et s’imposer comme un chef au milieu d’une mare de jeunes crocodiles aux dents sciantes. C’est en tout cas l’obsession primaire de Martine Aubry depuis qu’elle a pris, lors de cette inoubliable nuit de cristal socialiste, le contrôle de la rue de Solferino. Ces derniers temps, et alors qu’elle fête le premier anniversaire de son accession à la tête du PS, l’interrogation de savoir à quoi sert Martine Aubry prend une étoffe particulière. Il est vrai que dans le tourbillon de l’actualité, elle a été prise entre deux cliquetis : celui de la violente dispute entre Ségolène Royal et son ancien porte-flingue, Vincent Peillon et celui de l’ombre cannibale que fait peser un homme comme Dominique Strauss-Kahn sur les prétentions présidentielles du PS. Dans les deux cas, Martine Aubry a fait montre d’une immobilité coupable. Incapable de siffler la fin de la partie dans la chamaillerie entre Royal et Peillon, elle a été tout aussi silencieuse devant le gotha socialiste qui se pâme avec autant de désir devant l’alternative que commence à tisser Dominique Strauss-Kahn. Martine Aubry a consacré une impression lourde : un manque évident d’autorité, une voix inaudible qui ne porte pas loin. Lorsqu’elles font le bilan de l’an I de Martine Aubry, les mauvaises langues socialistes, dans une sorte de recréation cynique, avaient toujours l’habitude de dire que si le PS ne parvient pas à secréter de manière naturelle un leadership capable de s’opposer à Nicolas Sarkozy, c’est qu’il est pris en main par une volonté sans envergure, petit bras et castratrice d’ego. Trop occupée à s’imposer au sein de sa propre famille, Martine Aubry a presque oublié de pratiquer son métier d’opposant à Nicolas Sarkozy et à ses reformes. Par manque de temps et d’énergie, elle avait longtemps sous-traité cette fonction, essentielle à la naissance d’un leadership, à certains de ses alliés naturels au risque de rajouter encore plus de confusion. Et parce que l’opinion ne la percevait pas comme le véritable porte-drapeau de l’opposition, rares sont ceux qui l’ont identifiée comme un possible recours pour préparer l’alternance. Et quand Martine Aubry et ses amis se sont rendus compte de cette situation qui les met automatiquement hors jeu, la stratégie a été prise de gauchir à fond le discours, de ratisser le plus large possible à gauche. Ce tournant a été pris avec une telle précipitation qu’il a fait prendre à Martine Aubry des erreurs de postures, comme quand elle lance sans crier gare et sans aucune préparation de son auditoire que «Nicolas Sarkozy fait honte à la France en voulant opposer identité nationale et immigration». Ou quand en plein débat sur l’immigration, elle demande une régularisation massive des sans-papiers. Cette frilosité dans les propositions a été du pain béni pour Nicolas Sarkozy, Eric Besson, les caciques de l’UMP, qui ont tous profité de ce faux pas en communication politique, pour faire briller davantage devant les chaumières leurs capacités à être plus responsables que leurs adversaires. L’occasion aussi de dénoncer la crise d’angélisme qui reprend la direction du PS, inadéquate pour une période où seul le froid réalisme doit primer. L’entourage de Martine Aubry pourra toujours arguer que si elle a pris ce tournant, c’est en connaissance aiguë des rapports de force au sein du PS. Ce choix pourrait donc être interprété comme  une manière de rallier autour de son nom les forces de gauche qui se cherchent désespérément un emblème. Un clivage volontaire pour se distinguer des autres candidats qui se préparent à mener la bataille des primaires du PS au printemps 2010.

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