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Autonomie au Sahara : la leçon catalane

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Le peuple catalan a dit oui à la réforme du statut de l’autonomie qui gère, depuis 27 ans, les relations entre la Generalitat (gouvernement autonome) et le gouvernement central du Royaume d’Espagne. C’est avec une majorité écrasante de près de 74% des voix exprimées que l’électorat catalan a approuvé le nouveau "Estatut" lors de la journée électorale du dimanche 18 juin qui a été marquée par une légère augmentation du taux d’abstention qui a atteint près de 50%. Le "Oui" l’a donc largement emporté face au "Non" qui a obtenu seulement 20,76% des voix alors que 5,34% ont choisi de voter en blanc.
Aussitôt les résultats officiels annoncés, le président du gouvernement autonome de la Catalogne et chef de file du Parti socialiste catalan (PSC), Pascual Maragall s’est félicité, lors d’une conférence de presse, du choix des Catalans. «La Catalogne a le statut qu’elle nécessitait. La victoire du oui est indiscutable, sans appel. Nous nous félicitons», a-t-il déclaré.
La réforme du statut de l’autonomie catalane permet à cette région d’accéder à de nouvelles compétences en matière de gestion des affaires locales dont elle ne disposait pas dans l’ancien texte élaboré et approuvé en 1979 au lendemain de l’adoption par les Espagnols de la nouvelle Constitution démocratique. Le nouveau texte confère aussi, dans son préambule, à la région le statut de "nation" satisfaisant ainsi, d’une manière historique, l’une des principales revendications du peuple catalan très attaché à sa spécificité culturelle par rapport au reste de l’Espagne. «La Catalogne se sent plus commode et plus comprise par l’Espagne plurale», a dit M. Maragall. Mais la victoire des Catalans est aussi, et principalement, celle du chef du gouvernement central espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero.
En obtenant le soutien à majorité écrasante des Catalans au projet de réforme du statut de l’autonomie, le dirigeant socialiste a réussi là où ses opposants du Parti populaire (PP) ont échoué. Réagissant aux premiers résultats qui donnaient la victoire au camp du "oui", le président du gouvernement espagnol a tenu à féliciter le peuple catalan tout en mettant en valeur la naissance d’un nouvel instrument d’autogestion et de pluralité. «L’Espagne autonomique avance. L’Espagne qui a récolté des succès pour notre progrès et notre bien-être. Et elle le fait dans le cadre de la normalité institutionnelle d’une démocratie solide (…) qui a largement démontré sa capacité de consolider la cohabitation entre les Espagnols», a déclaré M. Zapatero.
Dans le camp du "non" formé essentiellement par la droite (PP) et le Parti indépendantiste de la gauche républicaine (ERC), l’échec n’a pas été perçu de la même manière. Alors que le patron d’ERC, Josep Lluis Carod-Rovira, a reconnu les résultats du référendum tout en regrettant le fait que les Catalans auraient pu obtenir mieux, le chef du PP, Mariano Rajoy, lui, a préféré nager à contre-courant en appelant le gouvernement à annuler les résultats du scrutin et arrêter tout le processus d’élargissement des prérogatives de l’autonomie catalane.
Décidément, la droite espagnole est incorrigible. Contester le résultat d’une consultation populaire est une aberration dans une société démocratique et ne peut que nuire à la bonne marche des institutions dans un Etat de droit. La preuve : le discours tenu par les Populaires est en train de provoquer des réactions hostiles dans certains milieux de l’armée. Un général de l’état-major des forces armées espagnoles a manifesté, dimanche 18 juin, devant un parterre de hauts gradés son inquiétude face au risque d’effritement de l’Espagne en conséquence de la politique autonomique menée par le gouvernement socialiste.
Une déclaration qui s’inscrit dans un discours qui se fait de plus en plus dominant dans les rangs des officiers supérieurs de l’armée espagnole dont la coupole est aujourd’hui formée par des gens qui, au moment de la transition démocratique, étaient de jeunes officiers formés dans l’école militaire de la dictature franquiste et poussés aux postes de responsabilité par la droite durant les huit dernières années. Lutter contre ces réticences antidémocratiques est aujourd’hui l’un des défis majeurs du gouvernement socialiste qui, d’une certaine manière, est en train de finir le travail entamé, il y a près de 25 ans, par le premier gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez et dont le processus s’était arrêté durant la parenthèse des huit ans du gouvernement de José Maria Aznar.
L’approbation du statut catalan ouvre ainsi la voie devant le règlement de la même manière du problème basque et permettra à l’Etat espagnol de consolider sa vocation plurale qui fait sa force. 

Les grandes nouveautés du statut de l’autonomie élargie en Catalogne
• Le préambule reconnaît la Catalogne comme Nation.
• Il établit le principe de la bilatéralité dans les relations entre le gouvernement catalan et le gouvernement central.
• Il renforce les pouvoirs de la Cour suprême de justice en tant qu’ultime recours judiciaire.
• Il crée le Conseil de justice de la Catalogne à l’instar du Conseil général du pouvoir judiciaire.
Il élargit les prérogatives du gouvernement autonome notamment sur les question suivantes :
• Résidence et séjour des étrangers.
• Gestion des ports et des aéroports situés en Catalogne.
• Organisation de consultations populaires.
• Gestion des infrastructures de télécommunications.
• Compétence sur les impôts étatiques cédés totalement à la Catalogne (50% du total des impôts nationaux).

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