La principale formation de l’opposition chiite, l’Association de l’entente nationale islamique (AENI), a remporté 16 des 40 sièges de la Chambre à l’issue des législatives dans le royaume gouverné par des sunnites mais dont la population autochtone est en majorité chiite. L’AENI est en principe assurée d’un 17e siège, son dernier candidat devant disputer samedi le deuxième tour.
«Nous avons décidé de ne pas soulever, pendant les trois premiers mois, les dossiers brûlants qui suscitent des tensions avec le gouvernement. Nous allons présenter d’abord des dossiers qui répondent aux besoins vitaux des citoyens», affirme Abdel Hussain Al-Metqawie, l’un des 16 élus de l’AENI. Même un dirigeant de la principale association qui a boycotté le scrutin, le Mouvement des Libertés et de la Démocratie (MLD), mouvement majoritairement chiite né fin 2005 d’une scission au sein de l’AENI, Abdel Jalil Al-Sanqiss, est persuadé que les députés chiites opteront pour la prudence. «L’AENI évitera dans un premier temps de soulever des questions épineuses, comme les amendements à la Constitution ou la discrimination (dont les chiites s’estiment les victimes) pour ne pas être accusée de chercher à faire avorter l’expérience» démocratique, estime ce dirigeant du Mouvement également baptisé "Haq". «L’AENI va essayer de trouver un terrain d’entente avec les députés islamistes sunnites sur les questions relatives aux besoins vitaux des gens ou encore au tourisme car l’évocation de dossiers épineux sera combattue farouchement par les députés islamistes sunnites et les pro-gouvernementaux», ajoute-t-il. Selon lui, «l’AENI se trouvera alors sous le feu des critiques de ses électeurs et cherchera probablement à dialoguer avec le pouvoir, mais en dehors du Parlement, pour remédier à certains problèmes».
• Mohammed Fadhel (AFP)