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Bayrou, héros malgré lui de la Rochelle

L’homme a dû naître avec une cuillère médiatique en or massif dans la bouche, allaité depuis sa tendre enfance par une généreuse fée, semeuse de nouvelles. Même quand il est creux de la vague, en train de ruminer ses multiples défaites, de cuver ses nombreux faux-pas, il reste présent au fronton de l’actualité, à luire de mille feux pour dire qu’il existe encore. Cet homme, c’est François Bayrou, ennemi intime de Nicolas Sarkozy, emblème d’un centre égaré qui pendant longtemps ne savait plus vers quelle direction tendre ses grandes oreilles. Logiquement, rationnellement, François Bayrou doit subir le sort d’Olivier Besancenot, un jeune espoir de la politique configurée par la crise qui à un moment, avait suscité les envolées les plus lyriques au point de s’opposer frontalement à Nicolas Sarkozy. Avant de rejoindre, pour cause de mauvaises performances électorales, la grande marge, refuge des étincelles d’un jour, François Bayrou n’a pas grand monde derrière lui en termes des divisions électorales, des troupes militantes ou de solides et puissantes fédérations.
Et pourtant quand la vie politique française s’apprête à entamer un tournant, il est toujours avec ce regard malicieux et hédoniste, ce grand sourire moqueur qui lui fait décoller davantage ses grandes oreilles, pour jouer sa petite musique. Cette fois, c’est au théâtre de la Rochelle qui abrite cette année l’université d’été du Parti socialiste qu’elle est jouée. Le parti de François Mitterrand et de Martine Aubry doit bien entendu débattre de l’effervescente question des primaires qui doit enfanter l’Obama de gauche pour affronter Nicolas Sarkozy. Mais, il doit aussi se prononcer sur la brûlante relation avec le MoDem, la nécessité de rassembler au-delà du périmètre classique de la gauche pour voir construire une majorité. Une des raisons pour laquelle les socialistes français s’interrogent périodiquement sur la nature de leur alliance avec François Bayrou, c’est qu’il existe au sein de leur état-major de nombreuses et solides convictions, selon lesquelles la présidentielle de 2007, consécration de Nicolas Sarkozy, a été perdue parce que la candidate socialiste du moment, Ségolène Royal, a été incapable de s’entendre avec François Bayrou. De cette période date cette fascination-répulsion que les socialistes entretiennent avec le MoDem.
D’autres socialistes comme le sénateur maire de Lyon Gérard Collomb, connu pour ne pas être en odeur de sainteté rue de Solferino, trouve un explication plus basique que ce sentiment de culpabilité : «A partir du moment où François Bayrou continue d’affirmer son opposition à la politique menée par Nicolas Sarkozy, j’estime qu’il est dans l’opposition et que nous pouvons donc nous allier avec lui». François Bayrou a réussi à se relancer en permettant à son bras droit Marielle de Sarnez de gambader sur des estrades politiques en compagnie d’hommes politiques comme le Vert triomphant Daniel Cohn Bendit ou le communiste sur le retour Robert Hue sous l’œil émerveillé du socialiste Vincent Peillon et de Christiane Taubira. La démarche de François Bayrou provoqua les quolibets du nouveau centre et l’ire des communistes, tendance Marie-Georges Buffet. Le ministre français de le Défense, numéro un du nouveau centre raille ouvertement : «Imaginez-vous Valéry Giscard d’Estaing et George Marchais travaillant ensemble sur un programme commun ? ». Tandis que M.G. Buffet s’insurge : «A cette alliance «du PCF au MoDem», vous pouvez barrer «PCF» (…) L’idée peut apparaître séduisante. Si on fait bêtement l’addition des pourcentages, on peut croire que cela fait une majorité (mais) sur quel projet, quelle politique (les électeurs) pourraient se mobiliser?». Mais plus important, François Bayrou est en train de donner des migraines aux socialistes réunis ce week-end à la Rochelle. En étant obligé encore une fois de réfléchir et de se positionner sur la question des alliances avec le MoDem, le PS repense, certes, son projet politique mais la division tant combattue le guette plus que l’unité rêvée. Les primaires au sein de la gauche peuvent toujours dégager des consensus, mais le rapport à François Bayrou ne peut qu’accélérer les fissures d’un parti qui peine à garder son leadership au sein de la gauche.

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