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Ben Laden, l’invité-surprise

© D.R

À quelques jours des élections présidentielles américaines, l’homme qui a fait trembler la toute puissante Amérique a troqué sa grotte contre un pupitre similaire à celui qui meuble, lors des grandes déclarations, le perron de la Maison-Blanche.
Oussama Ben Laden ne pouvait laisser passer les premières élections, après le tragique 11 septembre, sans y apporter son grain de sel. L’apparition du chef de l’organisation Al-Qaïda aura suscité des réactions, parfois, aux antipodes les unes des autres. Les avis des analystes les plus chevronnés ne versaient pas tous dans le même sens.
Estampillée de plusieurs particularités, cette dernière apparition intervient après une éclipse qui aura duré près trois années, depuis son dernier message en novembre 2001 – des images, sans déclarations, datant de 2003, le montraient dans des montagnes en compagnie de Al-Zawahri.
Durant cette dernière sortie, pour le moins impromptue, le leader d’Al-Qaïda n’a pas troqué que sa cachette, mais aussi son accoutrement et son discours. Depuis qu’il s’est dévoilé pour la première fois, Oussama Ben Laden est toujours apparu vêtu d’un gilet aux couleurs para, par-dessus la traditionnelle tenue arabe, AK-47 en bandoulière et propos acerbes à l’égard de la communauté internationale, en général, et des USA en particulier.
L’accoutrement « civil » du chef d’Al-Qaïda véhicule, à lui seul, tout un message. Ben Laden voudrait signifier qu’il n’est plus en guerre, treillis et kalachnikov rangés au placard. L’autre caractéristique de cette dernière vidéo est que Ben Laden ne tient plus un discours de menace, mais bel et bien un discours à connotation politique. De quoi dérouter plus d’une opinion.
L’homme le plus recherché de la planète parle de l’actualité de l’élection présidentielle comme s’il y était.
Le moment de son intervention prête également à équivoque. Là-dessus, les hypothèses s’entremêlent, se repoussent et divergent. Soit Ben Laden a choisi ce moment précis pour semer la zizanie et tenter de faire basculer la présidentielle en faveur de l’un ou de l’autre des candidats. Autrement, thèse qui n’a pas fait l’objet de beaucoup d’attention, Ben Laden aurait été « invité » à cette présidentielle pour faire rejaillir le spectre de la terreur et, au bout du compte, servir les intérêts de l’actuel président. Cela a de quoi paraître farfelue comme raisonnement, mais à force de subir des cascades répétées de duplicité, de la part de l’actuelle Administration, l’on finit par déduire que tout est envisageable de la part de celle-ci.
En effet, faire planer le spectre de la terreur peut s’avérer salutaire pour le président sortant. Le seul et unique cheval de bataille de George W. Bush est la lutte contre le terrorisme. Brandir la menace de nouveaux attentats contre les USA revient à mettre en valeur les craintes supposées de l’actuel président et le rôle que celui-ci peut jouer pour les éradiquer. D’un autre point de vue, Ben Laden ambitionnerait de faire pencher la balance en faveur de John Kerry. C’est a priori le message apparent qui se dégage de la dernière vidéo Ben Laden. Le chef d’Al-Qaïda y fait l’apologie des attentats du mardi noir, justifiés, selon lui, par l’implication des Etats-Unis, à travers l’Histoire, dans la méprise dont fait objet la Nation arabo-musulmane.
Quoi qu’il en soit, la sortie de Ben Laden aura, au moins, permis aux deux candidats à la Maison-Blanche d’enterrer la hache de guerre. Un bref répit avant la reprise des invectives. Elle aura également permis à Bush et à Kerry de faire monter toute une sauce dessus, bien que cette dernière apparition ne semble pas avoir le mérite de faire changer l’avis des électeurs.

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