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Berlusconi lâche les américains

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Le Premier ministre italien Silvio Berlusconi est un communicateur bien rusé. Dans un parfait jeu de mots, Berlusconi a annoncé, mardi dernier, que les Italiens vont se retirer progressivement de l’Irak à partir de septembre 2005. "Dès septembre, nous commencerons à réduire progressivement le nombre de nos soldats (…) car notre opinion publique le demande", a affirmé le chef du gouvernement sur la première chaîne publique Rai, selon l’AFP. Non seulement, le retrait est "progressif" mais ,aussi, il ne serait effectué qu’à partir du mois de septembre. Ce qui signifie que, d’ici sept mois, les forces italiennes seront toujours présentes sur le sol irakien.
La décision annoncée n’est qu’un tranquillisant, temporaire, pour apaiser la colère et les fortes pressions exercées par l’opinion publique et l’opposition italiennes après la grande polémique qu’a provoquée la mort de l’agent des services secrets italiens Nicola Calipari et la tentative d’assassinat de la journaliste Giuliana Sgrena.
En effet, la journaliste italienne a été attaquée par des tirs de l’armée américaine en Irak au moment où elle se dirigeait, en compagnie de ses libérateurs italiens dont l’agent de services secrets Calipari, vers l’aéroport de Bagdad pour regagner son pays après un mois de détention. L’ex-otage italienne avait publiquement annoncé qu’elle était la cible des tirs américains. L’affaire avait suscité une vague polémique en Italie que se soit à l’échelle publique ou à celle de l’opposition. Bien avant l’intervention militaire américaine en Irak, une grande partie des Italiens et même le pape Jean Paul II, se sont opposés au soutien politique et militaire aux Américains dans la guerre en Irak. Berlusconi avait envoyé 3.000 militaires en juin 2003 vers ce pays.
Le retrait des troupes italiennes est également une carte qui pourrait être gagnante pour le Premier ministre italien. Après trois semaines, le pays va entamer ses élections régionales, des 3 et 4 avril, où près de 42 millions d’Italiens sont appelés aux urnes pour élire les présidents de 14 des 20 régions."Il est évident que le chef du gouvernement a fait cette annonce à des fins électorales. Reste à voir si cette annonce sera payante", a commenté devant les journalistes Giorgio La Malfa, chef du Parti républicain italien (PRI), membre de la coalition au pouvoir.
Toutefois, un paradoxe existe. Au moment où le Premier ministre italien justifie l’éventuel retrait par les pressions exercées par l’opinion publique : "J’en ai parlé avec Tony Blair, Premier ministre britannique, car nos opinions publiques attendent cette décision", la Maison-Blanche quant à elle, souligne que le retrait en question n’a aucun rapport avec la mort de l’agent italien. "Je n’ai rien entendu de tel de la part des responsables italiens", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Scott MClellan aux agences de presse. "Nous apprécions certainement la contribution des Italiens. Ils ont servi et se sont sacrifiés avec des Irakiens et avec d’autres forces de la coalition", a-t-il ajouté, en assurant que le retrait italien "serait basé sur la capacité des forces irakiennes et du gouvernement irakien à assumer plus de responsabilités".
Désormais, Berlusconi s’est trouvé face à un choix difficile. Si le retrait progressif des Italiens de l’Irak en septembre réussit à renforcer la confiance des Italiens dans le gouvernement Berlusconi et à remporter les prochaines élections, les relations avec la Maison-Blanche elles, pourraient, toutefois, payer chère cette décision. Notons qu’un froid s’est déjà installé entre les parties, surtout, après les déclarations de quelques principaux dirigeants italiens suite à la mort de Nicola Calipari.

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