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Bertrand Delanoë, un maire sans ambition fixe

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Si Paris est aujourd’hui dans l’actualité , ce n’est pas uniquement grâce à sa généreuse conférence des donateurs pour l’Etat palestinien, ni pour sa romance fleur bleue couchée sur papier glacé entre le président Nicolas Sarkozy et le chanteuse top model Carla Bruni, ni même à cause de ses nombreuses tentes rouges de SDF qui jonchent ses trottoirs les plus prestigieux… Non, l’actualité parisienne est aussi faite d’un affrontement municipal sans merci qui se prépare entre deux équipes, l’une socialiste, dirigée par le maire sortant Bertrand Delanoë, l’autre de l’UMP menée par la nouvelle prétendante parisienne aux dents longues Françoise de Panafieu.
Bertrand Delanoë, le maire socialiste, est un personnage atypique et haut en couleurs. Tunisien d’origine né à Bizerte, homosexuel assumé que la satire politique du Marais appelle affectueusement «Notre dame de Paris», ce proche de Lionel Jospin commence à susciter l’intérêt des socialistes à la recherche d’un leader à introniser au cours de leur fameux congrès de 2008, lorsque François Hollande passera le témoin. Il faut dire que l’étoile de Bertrand Delanoë a commencé à briller sérieusement depuis la défaite des présidentielles et la formation instinctive et invisible d’un front, d’une sorte d’alliance objective des éléphants du Parti socialise pour empêcher que Ségolène Royal ne mette la main sur le parti et renouvelle son exploit.
Avec le départ de Dominique Strauss Kahn à Washington pour y présider aux destinées du FMI, avec l’auto-marginalisation de nombreux symboles socialistes comme Jack Lang et leurs offres de service à Nicolas Sarkozy, il ne restait parmi les historiques à prétendre occuper le poste de premier secrétaire que des hommes comme Laurent Fabius, Bertrand Delanoë ou… Ségolène Royal.
Tout occupé à mener à bien sa campagne des municipales, Bertrand Delanoë passe le plus clair de son temps médiatique à nier l’existence d’une compétition entre lui et Ségolène Royal pour les échéances à venir: «il n’y a pas d’affrontement Ségolène Royal-Bertrand Delanoë(…) Après les municipales, je m’exprimerai pour ce que je crois souhaitable pour mon parti. Je crois que le prochain congrès PS doit être d’orientation politique, de créativité politique (…) Si la question de leadership remplace le débat sur le fond, c’est une faute».
Si Bertrand Delanoë refuse publiquement d’envisager son avenir après les municipales, ce n’est pas uniquement par pudeur politique. Il s’agit d’une vraie stratégie visant à désarmer ses adversaires. Le maire de Paris sait que sa redoutable adversaire Françoise de Panafieu le flinguera sur son profil de maire dilettante qui fait de l’hôtel de ville de Paris un simple marche pied vers la conquête de l’Elysée. Un argument censé empêcher les Parisiens d’accorder leur confiance à son équipe. Il sait aussi qu’il est attendu au tournant au sein même du Parti socialiste. Avoir des prétentions au prochain congrès des socialistes et demander une investiture potentielle passe nécessairement par l’obtention de résultats positifs lors des ces municipales.
Bien avant l’heure de vérité, l’ex socialiste, actuel ministre des Affaire étrangères, Bernard Kouchner avait jeté un beau pavé dans la mare en affirmant que cela ne lui déplairait pas de voir Bertrand Delanoë réélu à l’hôtel de ville. Au-delà de la sourde cacophonie que cette prise de position avait provoquée au sein de la majorité gouvernementale qui dénonce une ingratitude manifeste doublée d’un terrible coup de pied de l’âne, les socialistes se sont emparés de l’affaire pour distiller leur fiel. François Hollande gonfle les pectoraux «Je comprends que Bernard Kouchner trouve le bilan de Bertrand Delanoë bon et pense qu’il fait un excellent maire de Paris. Après, c’est sa contradiction d’être dans un gouvernement UMP». Un des jeunes loups de la nouvelle génération des dirigeants socialistes, promis à un grand avenir, Benoit Hamon, reprend la même musique : «Cela ne nous déplaît pas que Bernard Kouchner préfère Bertrand Delanoë à Rachida Dati et à Mme Lagarde, ses collègues du gouvernement qui sont candidates à Paris (…) Cela montre les limites de Bernard Kouchner et les limites de l’ouverture».
 

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