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Betancourt, ou le rapt de la démocratie

24 février 2002. Ingrid Betancourt se risque à pénétrer dans l’ex-enclave des FARC, le Caguán, située à 700 km au sud de la capitale Bogota. Cela alors que les autorités lui déconseillent d’exécuter son projet de négociations d’un cessez-le-feu avec les guérilleros… Et au lendemain de l’annonce officielle de la rupture du processus de paix entre le pouvoir et les Forces armées révolutionnaires colombiennes. Ce jour-là, Ingrid Betancourt devient le sixième représentant politique à être détenu par les FARC qui donnent un an aux autorités pour la libération de leurs membres en échange de celle de leurs otages.
Sil lui a servi par le passé, le courage d’Ingrid Betancourt lui a donc cette fois-ci fait défaut. Cette francophile et francophone a en effet toujours lutté contre la corruption, le trafic de drogue et les pratiques clientélistes, ses thèmes de campagne depuis 1994.
Née en 1961, élevée entre Paris et Bogota, diplômée de l’Institut d’études politiques de la capitale française, la jeune Colombienne épouse un diplomate français, dont elle a deux enfants, avant de décider son retour dans le pays andin en 1990. Elle y trouve un poste au ministère des Finances d’où elle démissionne trois ans plus tard, dégoûtée par la corruption. Elle fait alors son entrée politique en 1994 et est élue à la Chambre des députés. Elle se relance dans la course en 1998, pour les sénatoriales, et obtient également un siège.
En 2002, malgré 0,2% de voix accrédités par les sondages, elle ambitionne enfin la présidentielle du 26 mai, en tant que tête de liste des verts «Oxygène». Et cela malgré des menaces de mort dont elle et ses enfants – aujourd’hui réfugiés en Nouvelle-Zélande – font régulièrement l’objet. Ce qu’elle relate dans son ouvrage « La Rage au coeur » (Editions Xo), une autobiographie à succès publiée en français en février 2001. Parce qu’elle a décidée de « changer » son pays, cette femme de la haute société ne peut plus se déplacer sans une demi-douzaine de gardes du corps. Une vie risquée qui ne l’empêche cependant pas de mettre sa nature provocatrice au service de sa politique, comme par exemple lorsqu’elle distribue dans la capitale des préservatifs, sous le slogan : « la corruption est le sida de notre société.
Protégeons-nous! ». En 2002, elle persiste mais avec du Viagra qu’elle donne aux passants pour les dresser contre « la dilapidation du pays ». «Va-t-on me tuer moi aussi ? (…) J’aime passionnément vivre, je n’ai pas envie de mourir» confie-t-elle dans son unique livre.
Son avenir comme celui des autres otages des FARC, reste aujourd’hui des plus incertains après l’assassinat dimanche dernier, d’une sénatrice, de son amie et de son chauffeur à 40 km de Bogota, alors que la représentante du Sénat tentait de négocier la libération de plusieurs otages…

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