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Bouteflika relance la polémique en demandant des excuses à Paris

Il "eut sans doute mieux valu" que la France "présente ses excuses" pour son "oppression colonialiste", a affirmé M. Bouteflika dans un message à l’occasion du 61e anniversaire, lundi, des massacres du 8 mai 1945, commis par l’armée française dans l’est algérien.

Le président algérien a souligné que des "excuses publiques et solennelles  pour le crime de colonialisme commis contre notre peuple" sont un "droit  élémentaire de l’Etat-Nation algérien", ajoutant que les Algériens ne sauraient "succomber aux sirènes d’une amitié cannibale".

"Au lieu de cette attitude franche qui seule peut fonder une rupture avec un passé obsolète et ouvrir la voie à une amitié qui engagerait nos Etats et nos peuples, on assiste à une série de valses-hésitations, de oui-mais ponctués de l’indéfinissable et évanescent devoir de mémoire, d’articles de loi votés puis déclassés", avait poursuivi le président.

La France, par la voix du porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères Denis Simonneau, a voulu voir mardi dans ces déclarations "la volonté commune d’aller de l’avant et de renforcer nos relations bilatérales".

"Cela figurait également parmi les propos tenus", a souligné M. Simonneau.

Au lendemain des déclarations du président Bouteflika, la presse algérienne estimait mardi que le traité d’amitié que les deux pays prévoient de conclure reste tributaire des excuses officielles de la France, certains journaux  n’hésitant pas à affirmer que ce projet est "désormais enterré".

Le quotidien francophone Liberté affirme ainsi que la déclaration de M. Bouteflika a été "une cinglante réplique à la France du 23 février", en allusion à la loi du 23 février 2005, faisant référence au "rôle positif" de la colonisation, ajoutant que le le traité d’amitié "ressemble de plus en plus à l’arlésienne".

Le quotidien arabophone Ech-chourouk qualifie pour sa part d’"impensable"  la signature d"un traité d’amitié si elle n’est pas précédée d"’excuses".

Abondant dans le même sens, Le Quotidien d’Oran affirme qu’il "ne saurait y avoir de traité d’amitié entre l’Algérie et la France que lorsque ce dernier  (..) demande pardon aux Algériens des crimes commis" durant la colonisation.

Le traité d’amitié entre les deux pays, prévu fin 2005, peine à se  concrétiser en raison de la polémique née de la loi du 23 février 2005 qui ne s’est pas apaisée malgré l’abrogation de son article controversé.

Ce traité est "désormais enterré", note encore le Quotidien d’Oran, arguant qu’il est "impensable" que le président Français Jacques Chirac, "en dernière  année de son mandat", fasse "au nom de la France l’acte de repentance exigé comme préalable par son homologue algérien" sans tenir compte "de l’opposition  qui s’exprime contre une telle démarche au sein de sa propre famille politique".

L’hospitalisation de M. Bouteflika, du 19 au 25 avril à Paris, peu de temps après qu’il eut dénoncé un "génocide de l’identité" algérienne durant la colonisation, avait suscité de vives réactions en France.

Le chef de la diplomatie française Philippe Douste-Blazy avait appelé M. Bouteflika à ne pas "galvauder" le terme "génocide".

Fin février 2005, l’ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, avait rendu hommage, à Sétif (300 km à l’est d’Alger), aux victimes  des massacres du 8 mai 1945, démarche inédite pour un haut responsable  français. Il avait alors parlé de "tragédie inexcusable".

Des milliers d’Algériens ont été tués le 8 mai 1945 lors de la répression  par les forces françaises de manifestations pro-indépendantistes.

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