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Brexit : Et maintenant qu’est-ce qui va se passer ?

© D.R

Si le retrait de Cameron devrait se faire dans les trois mois à venir, celui du Royaume-Uni se fera sur des années. Il ne devrait être effectif, au mieux, qu’au bout de deux années de négociations, à savoir en 2019.

L’avenir du Royaume-Uni se jouait dans le scrutin du 23 juin. Ce jour-là, 51,9% des Britanniques ont voté pour quitter l’Union européenne. 48,1% souhaitaient toutefois rester. Appelée le Brexit (Britain exit), cette séparation est décrite comme un divorce long et très complexe, qui ne sera pas sans conséquences sur le Royaume-Uni et sa politique étrangère. Comment se déroulera concrètement le Brexit? Et quel impact pourra-t-il avoir sur le Maroc, un pays qui reçoit 1% des investissements britanniques dans le monde? Tour d’horizon.

17,4 millions de personnes ont voté pour le Brexit contre 16,1 millions pour rester dans l’UE. Des résultats qui ont eu pour première conséquence la prochaine démission du Premier ministre britannique David Cameron. Ce dernier, tout en ayant organisé le référendum, avait mis sur pied une large campagne pour le maintien du Royaume-Uni comme membre de l’UE.  Cela dit, si le retrait de Cameron devrait se faire dans les trois mois à venir, celui du Royaume-Uni se fera sur des années. Il ne devrait être effectif, au mieux, qu’au bout de deux années de négociations, à savoir en 2019. C’est ce que précise la Commission européenne qui explique également que maintenant que le vote a eu lieu, «les termes du nouvel arrangement pour le Royaume-Uni, adopté par le Conseil européen en février 2016 ont cessé d’exister. La procédure prévue en vertu de l’article 50 du traité de l’Union européenne devra être engagée».

Cet article, ajouté en 2009 grâce au traité de Lisbonne, stipule que «tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union». Dans le cas du Royaume-Uni, le processus de séparation ne sera effectivement lancé qu’une fois que le chef de gouvernement britannique aura écrit à ses homologues européens une note attestant du souhait de retrait de son pays. Il est à souligner qu’à l’heure actuelle, David Cameron refuse de déclencher la machine et justifie cela comme étant à l’opposé de ses idées politiques. Selon les observateurs, il serait dans son droit car l’article 50 ne pose pas de contrainte quant au délai du lancement des deux années de négociations de sortie. Dans le cas où le processus sera entamé, les deux années minimales prévues pour la négociation peuvent être prolongées si les membres du Conseil européen en jugent la nécessité. Certains analystes, au même titre que le gouvernement britannique, avaient évoqué un scénario de dix années de négociations.

Dans sa note d’information, la Commission européenne fait savoir que durant la période des négociations et tant que sa sortie de l’UE n’est pas officielle, le Royaume-Uni continue de se plier aux traités et lois de l’Union. «Si aucun accord n’est conclu dans les deux ans qui suivent l’activation par le Royaume-Uni de l’article 50, le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne sans qu’aucun nouvel accord ne soit mis en place», ajoute la même source.  Il y a lieu de préciser par ailleurs que les termes des négociations se décideront sans le Royaume-Uni qui ne sera pas présent lors du prochain Conseil européen prévu les 27 et 28 juin.  Et ce, sur la base des accords internationaux stipulés à l’Article 218 du traité.  «Le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l’État membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent», peut-on y lire.

De ce fait, le Conseil devra convenir à l’unanimité des lignes directrices de la négociation. Il devra également adopter une décision autorisant l’ouverture de négociations et nommant le négociateur de l’Union ou le chef de l’équipe des négociateurs de l’Union. Selon les milieux diplomatiques, cette tâche incombera au Belge Didier Seeuws. L’ancien chef de cabinet du Premier président permanent du Conseil européen, serait donc chargé de diriger la «Brexit Task Force» et de mener à bon port la procédure de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Avec l’approbation finale (à une majorité simple, ndlr) par le Parlement européen, l’accord négocié devra d’abord être adopté à une majorité qualifiée de 72% des 27 Etats membres restants, représentant 65% de la population. L’indépendance du Royaume-Uni n’étant donc plus qu’une question de temps, ce sont d’autres interrogations qui planent, à savoir la gestion de la question migratoire en Europe avec la fin de la libre circulation des personnes et la redirection du Royaume-Uni vers d’autres marchés avec notamment de nouvelles négociations d’accords commerciaux avec le reste du monde.

Brexit : Quel impact sur le Maroc ?

brexit-1A quoi devrait-on s’attendre au lendemain du Brexit ? C’est la question que se posent tous les partenaires du Royaume-Uni, en Europe et ailleurs. Le Maroc, qui reçoit 1% des investissements britanniques dans le monde, ne serait pas moins concerné.

Comme toute séparation, celle entre les Britannique et le continent européen ne se fera pas en un clin d’œil. Et l’on parle même de plusieurs années de négociations. Il serait toutefois impératif de s’interroger sur l’impact de cette affaire sur le Maroc.  Balayant d’un revers de main toutes les inquiétudes, le wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, assure qu’il s’agit d’une sortie qui «aura certes un effet de tsunami pour l’Europe, mais n’impactera l’économie marocaine que de près de 0,1 point». Si Jouahri rassure quant à l’impact limité de ce divorce sur la demande étrangère adressée au Maroc, un autre économiste de la scène, Idriss Abbassi, n’est pas du même avis. Dans une déclaration à la MAP, celui-ci avait fait savoir que l’indépendance de la Grande-Bretagne ne sera pas sans conséquences sur la croissance de l’économie nationale. Pour lui, cela sera suivi d’une «période prolongée d’incertitude, conduisant à la volatilité sur les marchés financiers, et porterait un coup à la croissance en Europe, ce qui va impacter la demande étrangère adressée au Maroc et indirectement la croissance de l’économie nationale».

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La pétition qui explose les compteurs !
brexit3.189.862, c’est là le nombre exact de personnes ayant signé, à l’heure où nous mettions sous presse (dimanche 13h49) , la pétition en ligne adressée au Parlement britannique pour réclamer l’organisation d’un nouveau vote sur le Brexit.  Cette pétition qui a explosé tous les records au Royaume-Uni a été mise en ligne avant la publication des résultats du référendum par un certain William Oliver Healey. Selon la presse britannique, il s’agirait d’un partisan du Brexit qui avait demandé, dans son texte, au gouvernement britannique qu’un second référendum soit organisé «en cas de victoire du «remain» («rester») ou du «leave» (‘partir’) à moins de 60% des voix, ou si la participation n’atteint pas les 75%». Ce qui n’est visiblement pas le cas aujourd’hui.  Cela dit, au Royaume-Uni, le gouvernement est amené à répondre aux pétitions qui atteignent plus de 10.000 signatures dans un délai de 21 jours. Et, si le seuil des 100.000 signataires est atteint, cela peut aller jusqu’à examen et débat de la pétition au sein du Parlement. Si, en apparence, cela pourrait sembler contraignant, techniquement cela n’est pas le cas puisque rien n’engage le Parlement  à procéder à un vote ou à prendre de nouvelles décisions.
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