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Brice Hortefeux dans la tourmente

© D.R

C’est une tornade politique dont Nicolas Sarkozy, qui vient de marquer un joli point dans l’histoire de la fiscalité écologique et qui s’apprête à réaliser des étincelles au sommet du G20 de Pittsburgh, aurait pu se passer. Au lieu de savourer lentement les fruits politiques de telles performances, le voilà qui mobilise l’ensemble de son gouvernement et de ses conseillers pour porter secours à son ministre de l’Intérieur. Brice Hortefeux est en effet englué depuis quelques jours dans une affaire de racisme ordinaire que les nouvelles règles de communication instaurées par Internet amplifient à outrance. L’homme a eu un échange aigre-doux avec un jeune militant UMP d’origine maghrébine qu’une voix lui présentait : «Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière». Ce à quoi le ministre de l’Intérieur très endimanché dans son allure et son expression répond spontanément : «il ne correspond pas du tout au prototype». La voix féminine, celle de la secrétaire départementale de l’UMP, Marie Aphatie rétorque : «C’est notre petit arabe». Et c’est  là où Brice Hortefeux lâche sa petite bombe: «Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes».
Il n’en fallait pas plus pour que les esprits s’enflamment. L’opposition socialiste est brusquement montée au créneau pour exiger ni plus ni moins que la démission du ministre de l’Intérieur. Plusieurs associations se sont indignées que le ministre de l’Intérieur puisse parler en ces termes d’une frange aussi sensible de la société française. Une pétition a même été lancée pour exiger son départ avec ce mot d’ordre : «Le nouveau dérapage verbal du ministre de l’Intérieur à l’Université d’été de l’UMP n’est pas une blague de bistrot anodine. Dans n’importe quel autre pays démocratique, ce propos raciste aurait amené le ministre à quitter immédiatement le gouvernement».
Brice Hortefeux n’est pas à sa première saillie au goût douteux et politiquement incorrect. La chronique est riche d’exemples où Brice Hortefeux, l’homme que Rachida Dati traite de «gros raciste», s’est publiquement dévoilé. Comme quand il parlait en des termes méprisants à l’ancien secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances de Dominique de Villepin, Azouz Begag : «Allez, fissa, sort de là ! Dégage d’ici, je te dis, dégage» ou quand il plaisantait lourdement avec Fadéla Amara, secrétaire d’Etat à la Banlieue : «C’est une compatriote, même si ce n’est pas forcément évident, je le précise». Ou avec Rama Yade lors d’un voyage au Sénégal : «Tu pars avec nous et c’est bien mais tu pourrais aussi ne pas revenir».
Malgré les tentatives d’étouffer ce scandale, l’effet boule de neige avait acquis une dynamique ravageuse. Et ce, pour plusieurs raisons. La première est que Brice Hortefeux a choisi dès le début pour sa défense une stratégie de la dénégation. Au lieu de reconnaître avec les remords indispensables à la situation qu’il s’adressait au jeune Arabe de l’UMP et à travers lui à sa communauté, Brice Hortefeux a préféré s’enferrer dans un mensonge dont n’importe quel observateur peut vérifier la vacuité. Plus le ministre de l’Intérieur, s’entêter à affirmer que son allusion dégradante visait les Auvergnats et non les Français d’origine arabe, plus la polémique faisait rage.
Le second élément qui a excité le buzz autour de cette affaire est que pour sortir Brice Hortefeux de cet imbroglio, l’ensemble du gouvernement est monté au créneau pour défendre la moralité du ministre de l’Intérieur et dénoncer ce lynchage et cette cabale diligentée contre le locataire de la place Beauvau. La passion avec laquelle les membres du gouvernement défendent Brice Hortefeux témoigne de l’importance que Nicolas Sarkozy accorde à son ministre de l’Intérieur. D’autant que de nombreux cercles parisiens n’hésitaient plus à le présenter comme le possible successeur de François Fillon à Matignon.
Le troisième élément qui a donné un coup de fouet à cette affaire est qu’elle intervenait au lendemain d’une truculente affaire de racisme ordinaire qui avait contraint Brice Hortefeux à mettre à la retraite forcée le préfet Paul Girot de Langlade qui avait prononcé  des propos jugées racistes à l’aéroport d’Orly lorsqu’il s’était exclamé: «On se croirait en Afrique… Il n’y a que des Noirs ici». Le préfet exclu a savouré la mésaventure de Brice Hortefeux avec ses mots «le plus raciste des deux, ce n’est pas moi».

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