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Caricatures : une provocation …

© D.R

Il est intéressant de lire dans le grand quotidien israélien, Haaretz, une analyse signée, Itshac Laor, et intitulée «Caricature d’une société tolérante». L’analyste se demande, comment expliquer, malgré le conflit sanglant, qu’aucun Israélien n’a, jamais, publié de caricature aussi offensante contre la religion musulmane?
L’analyste décèle, actuellement, «une nouvelle manifestation du racisme en Europe», à partir du Danemark, de la Norvège, puis de la France. Pour clarifier l’émotion autour de la publication des caricatures anti-musulmanes au Danemark, Itshac Laor constate une déviation du débat vers la « liberté de la presse », qui ne fait qu’ajouter «le péché à une erreur ». II serait difficile, en effet, de prétendre que la presse européenne est pro-musulmane. Et, encore moins, depuis la révolution iranienne… On ne peut ignorer la vexation qui active le contexte: la caricature est loin d’être le début de la volonté, persistante, des Européens, de vexer les Musulmans qui habitent l’Europe occidentale. Cette ambiance n’est pas nouvelle, elle est cultivée sous une «rhétorique du multiculturalisme», voire de civilisation éclairée.
Un exemple de ce cynisme est celui de la lutte contre l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Il prouve la fidélité des Européens à leur «homogénéité», à leur «pureté». Le lien direct avec les caricatures n’est pas une guerre de civilisation, malgré un effort délibéré, pour beaucoup, de nourrir une telle guerre. La publication des caricatures a, certainement, ouvert une crise entre le Danemark et les pays musulmans. Elle représente, surtout, un maillon de l’expression de l’hostilité contre des millions de Musulmans qui vivent en Europe : ceux qui y sont nés, en majorité. Ceux qui y ont étudié et parlent la langue du pays où ils vivent. Peut-on nier, qu’aujourd’hui, il est difficile d’être un Musulman barbu, une femme musulmane la tête couverte et portant une longue robe? Peut-on oublier qu’en France ou en Allemagne, on chercherait l’expulsion de dizaine de milliers de Musulmans? En Europe, il apparaît même que les néo-nazis ne sont plus les seuls porte-parole d’un certain racisme… Certes, quelques journalistes engagés, juifs ou israéliens, se sont peut-être réjouis de cette tension contre les Musulmans. Mais ils ont très vite constaté que d’être «bronzé» en Europe, concernait aussi bien, les Musulmans que les Juifs porteurs d’une barbe et d’une kipa!
Personne ne doit oublier, 1’«antique malédiction» qui a fait croire que les Juifs pouvaient se considérer comme «totalement» intégrés dans l’Occident : la mémoire est permanente, vivante dans le malheur. Aussi, l’analyste Itshac Laor, dans Haaretz, pose la question: « Comment aurions-nous réagi, si un journal danois (ou autre), avait publié une caricature vexante de Moise le Prophète Moshé) ». Qu’importe, une telle question ne peut être que le reflet d’une insulte.
Car, dans l’Europe d’aujourd’hui comme d’hier, on ne peut imaginer une caricature qui serait « antisémite », pour compenser la haine contre les Musulmans. En Italie, au Danemark, en Hollande, en Allemagne (et peut-être, plus ou moins, en France ou en Angleterre) on ne cesse de parler d’une incompatibilité de l’Islam avec l’Europe.
Déjà, dans l’Europe chrétienne, on ne pouvait trouver de mosquées, voire une réelle communauté religieuse musulmane. Aujourd’hui, dans chaque pays européen, on retrouve une véritable communauté de Musulmans, des mosquées, mais, aussi, une civilisation musulmane qui est condamnée à se confronter à la civilisation occidentale. Celle qui se veut, partout, supérieure à toutes les autres. C’est probablement, pourquoi, dans une opération politique contre le terrorisme, on va jusqu’à la confondre avec une opération «religieuse». On aurait compris une caricature représentant, aux fins d’une critique politique, un Rabbin, un Curé ou un Imam, avec en complément un Bouddah (rabougri). Mais la caricature met, aujourd’hui, directement en cause l’Islam, en allant jusqu’à blasphémer, à travers un symbole de «Mahomet, le Messager de Dieu », l’ensemble des Musulmans du monde. Il y a une évidence, pour certains, d’un retour « naturel» vers des arguments qui entendent proclamer la civilisation occidentale ancienne: celle de la pureté culturelle chrétienne de l’Europe. Des minorités religieuses, d’autrefois, ont subi cette ambiance et cette «pureté». Aujourd’hui elle s’est transformée, pour d’autres, en haine de la religion, -en général en profitant de la notion de «laïcité»-, dans une confusion avec le «mépris de 1 ‘Orient ». C’est l’explication, peut-être de l’erreur du mélange d’une «caricature» d’hostilité politique avec une «image» d’un symbole d’une religion, dans sa globalité: par l’ignorance, par manque de culture, par absurdité réelle. Et ce que l’on constate, simplement, par la bêtise de son excès et de sa provocation…

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