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Carla Bruni persuade Sarkozy de ne pas extrader Marina Petrella

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Un îlot d’humanité dans un océan maussade de mauvaises nouvelles… telle pourrait être la perception utilitaire de l’affaire Marina Petrella dans une haletante actualité entre la chute foudroyante des indices et la spectaculaire renaissance de la confiance. Marina Petrella est le nom de cette ex-membre des Brigades rouges italiennes menacée d’extradition vers l’Italie où elle avait été condamnée à perpétuité en 1992 pour complicité d’assassinat d’un commissaire à Rome en 1981. Depuis 1993, elle avait trouvé refuge en France en application de la doctrine de l’ère mitterrandienne sur les terroristes repentis. Elle a été arrêtée en aout 2007. Marina Petrella a été sauvée par le gong par la décision inattendue de Nicolas Sarkozy de ne pas appliquer le décret d’expulsion qui pesait sur sa tête depuis juin dernier.
L’affaire aura pu rester dans un cadre classique de stricte application des prérogatives du président de la République dont l’esprit de la Constitution lui offre le droit de recourir à la grâce quand il en estime l’utilité impérieuse. Mais le cas Marina Petrella a été plus pimenté que les autres en raison de l’identité des personnes impliquée dans le processus de cette grâce. Il ne s’agit ni plus ni moins que de Carla Bruni, première Dame de France et de sa sœur Valeria Bruni-Tedeschi, issue d’une grande famille d’industriels italiens qui s’était refugiée en France dans les années 70, fuyant justement les menaces terroristes que faisaient peser sur le pays les Brigades rouges. Ce sont les deux sœurs, Carla et Valeria, qui s’étaient rendues à l’hôpital Sainte-Anne à Paris où Marina Petrella entamait une grève de la faim pour protester contre son expulsion pour lui annoncer la décision de ne pas l’expulser. La première Dame de France justifia cette démarche par cet argumentaire confié au Journal «Libération» : «on ne pouvait pas laisser cette femme mourir. La situation était devenue intolérable».
Fait inhabituel dans une procédure exceptionnelle, cette visite suscita un début de polémique au point où il a été demandé à Nicolas Sarkozy de la commenter et par la même occasion de justifier cette décision : «c’est mon épouse qui y a été pour une raison très simple: c’est que c’est moi qui lui ai demandé (…) cette visite a eu lieu dans la plus grande discrétion (…) Je le lui ai demandé parce que Mme Petrella était en danger de mort (…) Il existe une clause humanitaire, cette clause humanitaire je l’ai fait jouer».
Saluée par la gauche, vilipendée par l’extrême droite, la décision de ne pas expulser Marina Petrella et l’implication personnelle de Carla Bruni dans cette affaire furent accueillies de manière mitigée. Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, exprime un reproche général : «cette femme n’aurait jamais dû être inquiétée dès lors qu’elle avait renoncé à toute activité politique, qu’elle était en France, qu’elle vivait paisiblement».
Mais la réaction la plus violente est venue du rang de l’extrême droite. Même si l’Elysée avait tenu à préciser que cette «mesure individuelle (…) n’atténue en rien l’engagement de la France en matière de lutte contre le terrorisme ainsi que sa coopération avec les autres démocraties dans ce domaine», Marine Le Pen, la vice-présidente du Front National avait décrit cette décision comme «injuste, immorale et politiquement scandaleuse (…) une «spectaculaire démonstration de laxisme gauchisant (…) Il s’agit probablement là d’une nouvelle manifestation de la «lutte sans concession» du président de la République contre le terrorisme au nom de laquelle nos soldats meurent en Afghanistan».
Le rôle joué par Carla Bruni dans cette affaire avait focalisé l’attention des médias sur l’influence politique grandissante de la première Dame de France sur son président de mari au point que des responsables de l’UMP se croient obligés de justifier cette démarche en estimant qu’il «était tout à fait honorable que la première Dame de France s’intéresse à des situations humanitaires». L’affaire Marina Petrella a de fortes chances de rester dans l’actualité pour les jours à venir puisque l’association italienne des victimes du terrorisme a fait part de son intention de venir en fin de semaine protester devant le Palais de l’Elysée contre la décision de Nicolas Sarkozy.

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