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Carnet parisiens : le dilemme afghan de Sarkozy

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C’est sans aucun doute pour la première fois depuis son accession à l’Elysée que Nicolas Sarkozy, grand virtuose de la politique, l’homme aux idées virevoltantes et à la démarche volontaire, se trouve coincé dans une impasse. Et  c’est l’Afghanistan qui lui offre ce dilemme. Nicolas Sarkozy a été le président français qui a tout fait pour réintégrer la France dans le commandement militaire de l’Alliance Atlantique, celui qui a réussi à cicatriser la relation franco-américaine qui avait tant souffert des divergences et des ruptures de la guerre contre l’Irak de Saddam Hussein.
Aujourd’hui, alors qu’en principe les relations entre Paris et Washington devraient être au beau fixe, voilà que le président français hésite à répondre favorablement aux demandes américaines d’envoyer des soldats supplémentaires en Afghanistan. Il fait de la réticence là où Anglais et Allemands se livrent à un exercice de solidarité et d’obéissance. Après avoir été tranchant dans sa réponse, Nicolas Sarkozy a opéré une remarquable marche arrière et a volontairement laissé planer le doute sur sa véritable décision qu’il compte dévoiler lors de la rencontre internationale sur l’Afghanistan le 28 janvier prochain à Londres.
Plusieurs raisons expliquent la grande hésitation française. La première est d’ordre domestique: comment, dans un bouillant contexte électoral, expliquer aux Français la nécessité d’envoyer des soldats supplémentaires dans un bourbier dont la solution militaire a déjà révélé sa grande inefficacité. En France comme dans de nombreux pays européens, la guerre en Afghanistan ne bénéficie pas d’une grande popularité ni n’entraîne une fulgurante adhésion.  C’est une guerre qui a mauvaise presse et dont l’issue victorieuse paraît incertaine.
La seconde raison est d’ordre stratégique. La France, même si elle ne l’exprime pas ouvertement, commence à avoir des divergences avec l’ensemble de la stratégie américaine. Alors qu’elle milite pour «l’afghanisation» de cette guerre, à savoir, que les forces de l’armée afghane puissent avoir les moyens d’affronter les Talibans, certains à la Maison-Blanche continuent de croire à la nécessité de former un bras armé de l’Otan pour mater la rébellion talibane.
La troisième raison que les médias mettent volontiers en avant à cause de la spéculaire physionomie qu’elle offre et dont il est difficile de peser les effets et celle qui consiste à expliquer cette «mauvaise volonté» française par le jeu des relations compliquées et difficiles que Barack Obama et Nicolas Sarkozy, tous deux férus de leurs egos et de leurs pouvoirs de séduction et de persuasion.
Le dilemme afghan de Nicolas Sarkozy, partagé entre la nécessité d’être aux cotés de son allié américain et celle de garder une marge de manœuvre et de vision, a fait émerger les tenaces oppositions qui s’étaient manifestées à l’occasion de sa décision historique de réintégrer le commandement militaire de l’Otan. Le danger pour Nicolas Sarkozy est que cette décision puisse avoir un effet boomerang et … un prix électoral payable immédiatement.

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