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Claude Guéant, le pari sécuritaire de Sarkozy

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On se le demandait régulièrement. Mais que fait le nouveau ministre de l’Intérieur Claude Guéant ? Presque inaudible sur l’immigration, totalement invisible sur le débat sur l’Islam et la laïcité où il avait laissé le champ libre au patron de l’UMP, Jean-François Copé. Avait-il choisi de remplir sa fonction de ministre avec la même discrétion qu’il cultivait lorsqu’il était le plus proche collaborateur de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. De cette époque, même quand Claude Guéant s’invitait dans les médias, il donnait cette vague impression de réciter, sans relief personnel, sans souffle authentique, un message dicté lors d’une réunion matinale avec le président de la République. Mais tout porte à croire que la situation est en train de changer. Claude Guéant accorde une interview au journal «Le Monde» dans laquelle il enfonce un gigantesque portail: «Les Français veulent que la France reste la France». Il est l’invité de la matinale d’Europe 1 au micro de Jean-Pierre El Kabbach. Claude Guéant débute son premier grand plan média pour investir ses nouvelles fonctions de ministre de l’Intérieur, de l’Immigration et du Culte. Son silence, voulu ou imposé, n’a vraiment surpris personne. La raison simple est qu’il était déjà perçu par l’opinion comme le principal fabricant de la conception sécuritaire du président de la République. Sa longévité auprès de Nicolas Sarkozy d’abord comme ministre de l’Intérieur, puis comme locataire de l’Elysée, mettait à son crédit les principales évolutions de la gouvernance de Sarkozy et à son passif ses retentissants échecs. Lorsqu’il avait été délocalisé vers la place Beauvau pour succéder à Brice Hortefeux pris dans la nacelle judiciaire, nombreux étaient parmi les éditorialistes ceux qui hésitaient à qualifier ce changement de promotion ou de sanction. Le départ de l’Elysée de l’homme que la presse appelait «Le Cardinal» arrangeait beaucoup de monde, à commencer par le Premier ministre François Fillon qui s’agaçait de plus en plus de la liberté de ton et de style que prenait avec lui Claude Guéant. Sans oublier le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé qui, échaudé par les mésaventures de Bernard Kouchner, ne voulait plus être doublé par une diplomatie parallèle. Dans l’interview qu’il a accordée au journal «Le Monde», Claude Guéant revient sur cet épisode avec un éclairage cru : «Bernard Kouchner n’était pas désiré en Algérie ni en Syrie. J’y suis allé. Je lui ai même ouvert la voie en Syrie». Dans une période troublée où l’extrême droite entame une irrésistible ascension, où Nicolas Sarkozy est menacé de ne pas figurer au second tour de la prochaine présidentielle selon un sondage Ipsos/ Logica Business Consulting pour Europe 1 et Le Monde, cédant le podium à Dominique Strauss-Kahn et à Marine Le Pen, la fonction de ministre de l’Intérieur devient plus stratégique que jamais. En effet, Claude Guéant est chargé dans le contexte actuel de formuler des réponses politiques qui non seulement rassurent et soudent sa propre famille mais empêchent un transfert des voix de la droite vers l’extrême droite. Ses prises de position sur des thématiques aussi effervescentes que l’immigration, l’Islam ou l’insécurité seront minutieusement scrutées par la gauche et par l’extrême droite. La première cherchant à valider sa thèse sur la démagogie de Nicolas Sarkozy, la seconde à prouver son incompétence et les limites de son action.

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