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Coopération : Au bord du fleuve Sénégal…

© D.R

«Sopi !, Sopi !…» («changement !» en wolof) crie une foule bigarrée et enthousiaste sous un soleil de plomb sur le passage du président sénégalais Me Abdoulaye Wade. Nous sommes à Matam, un gros bourg de 240.000 habitants, situé au nord-est du Sénégal, à quelque 800 km de Dakar, aux confins du désert, à la limite de la frontière mauritanienne sur le fleuve Sénégal.
En ce mercredi 10 mars, la population locale, hommes, femmes, enfants, jeunes et moins jeunes, a sorti banderoles et folklore des grands jours pour accueillir comme il se doit le chef de l’Etat, qui a débarqué dans la région à la tête d’une importante délégation ministérielle.
Ce jour-là est un jour pas comme les autres pour les Matamais. Et pour cause. Abdoulaye Wade est venu spécialement pour inaugurer, en grande pompe, le démarrage des travaux d’un projet d’envergue de nature à changer le visage de Matam et améliorer le quotidien des gens.
Il s’agit de l’aménagement d’un gigantesque dispositif hydro-agricole doté de stations de pompages qui permettra l’irrigation de 728 hectares. Ici, les terres sont immenses et fertiles. Elles ne demandent qu’à être travaillées. Et puis, l’eau ne manque pas.
L’ensoleillement aussi. La nappe phréatique est à moins de trois mètres. Sans oublier les eaux abondantes du fleuve Sénégal. Toutes les conditions pour produire de bonnes et différentes récoltes sont réunies. Pour le moment, quelques agriculteurs cultivent de manière artisanale le maïs et le riz. Mais les quantités produites sont loin d’être suffisantes. D’où le recours massif aux importations de riz notamment qui représente pour les Sénégalais le produit alimentaire de base.
C’est pour cela que le Président Wade nourrit de grandes ambitions pour la région qu’il veut doter de périmètres irrigués dignes de ce nom.
S’inscrivant dans le cadre de la mise en oeuvre du Projet de développement rural de Matam (PRDM), ce marché d’aménagement hydro-agricole a été décroché suite à un appel d’offres par une entreprise marocaine : le Consortium pour les canalisations, les granulats et les travaux (CCGT) dont le président est Youssef Tazi. Montant de l’investissement : 3,645 milliards de FCFA, soit l’équivalent de 60 millions de Dh. Délai d’exécution du projet : 12 mois. Ce marché est le deuxième du genre à être obtenu par le CCGT. Le premier concerne un projet d’aménagement similaire à Kassack, près de Saint-Louis. Ingénieur en génie civil, lauréat de l’école nationale des Ponts et Chaussées de Paris, conseiller istiqlalien à la deuxième Chambre depuis 1997, ce jeune entrepreneur de 44 ans a fait de l’Afrique de l’Ouest le champ d’action de son groupe.
Enveloppé dans son boubou bleu, la mine décontractée, Abdoulaye Wade a visité le chantier du CCGT et pris connaissance des différentes étapes de cette réalisation qui lui tient particulièrement à coeur. A ses côtés, Youssef Tazi, tout aussi à l’aise, arbore un visage fier. En guise d’encouragement, il devrait recevoir, dans les prochains jours, une décoration du président de la République.
Fort de son savoir-faire technique et de l’expérience de ses hommes, CCGT a acquis une grande réputation en Afrique de l’Ouest, grâce à ses références solides dans le secteur de son activité. Bravant les obstacles inhérents à une nature difficile, l’entreprise a commencé par conquérir la Guinée où elle est installée depuis 1994. Ici, elle a à son actif plusieurs barrages, des adductions d’eau potable, des routes et des pistes rurales. L’intérêt du CCGT pour le Sénégal remonte à deux ans seulement et l’avenir est déjà prometteur. Le consortium qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin se prépare par ailleurs à la conquête d’autres pays, comme le Mali, la Sierra Leone et la Guinée Bissau où les besoins en infrastructures sont énormes.
«C’est suite à l’appel fort de Me Abdoulaye Wade pour que les opérateurs marocains viennent investir au Sénégal, explique Youssef Tazi, que mon groupe a décidé de s’implanter dans ce pays ami en y créant une filiale de droit sénégalais. Et d’ajouter : «c’est un transfert de savoir-faire technique dans le secteur des travaux publics que nous opérons dans les pays de l’Afrique de l’Ouest». Bel exemple de coopération Sud-Sud fourni par le CCGT en pleine brousse africaine. Youssef Tazi aime l’Afrique et fait confiance à son potentiel. Il n’est pas homme à monter des coups ponctuels et puis s’en aller. Le CCGT et ses hommes, animés de la passion de réussir ont inscrit leur action dans le long terme. Dans quelques semaines, CCGT Maroc inaugurera son nouveau siège à Rabat. Un espace du bâtiment abritera une galerie d’art où seront exposées plusieurs dizaines de pièces artistiques récoltées par Youssef Tazi au gré de ses déplacement en Afrique. C’est sa façon à lui de rendre hommage à ce merveilleux continent.

• Abdellah Chankou
Envoyé spécial au Sénégal
[email protected]

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