Mardi, lors d’une intervention à la télévision officielle, le chef de l’Etat ivoirien a proposé d’organiser une consultation populaire sur la Constitution nationale, une mesure qui aurait pour objectif de dénouer le blocage des négociations entamées il y a plus de trois semaines avec les mutins. «Je vais faire un référendum pour demander au peuple : voulez-vous oui ou non qu’on amende la Constitution?», a déclaré Laurent Gbagbo. Les rebelles, qui contrôlent toute la moitié nord de la Côte d’Ivoire depuis le soulèvement du 19 septembre dernier, réclamaient jusque-là le départ du président. Ils entendaient ainsi organiser de nouvelles élections avec… une nouvelle Constitution.
Les opposants au pouvoir vont-ils – ou ont-ils déjà – lâcher du lest et reprendre les pourparlers de paix, bloqués depuis plus d’une semaine, sur cette nouvelle base ? Au terme de deux mois de crise, les deux parties n’ont jusque-là pas réussi à trouver de terrain d’entente. La délégation gouvernementale voulait placer comme préalable à toute discussion le désarmement des rebelles. Ces derniers refusaient de discuter tant que Laurent Gbagbo resterait président. Ils ont cependant présenté mardi au président togolais Eyadéma de nouvelles propositions à un projet d’accord de paix qui leur avait été soumis par la médiation ouest-africaine.
Les deux camps ayant vraisemblablement revu leurs ambitions à la baisse, la Côte d’Ivoire va-t-elle enfin sortir d’une impasse dont les conséquences s’avèrent déjà désastreuses ? Eclaté ethniquement et culturellement, le pays est aussi en train de s’acheminer vers une crise économique grave, la saison des récoltes du cacao étant nettement perturbée par les récents événements. Juste avant de prononcer son discours télévisé mardi, le président ivoirien n’avait-il d’ailleurs pas rencontré plusieurs responsables de ce secteur ?