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Dati, l’exil ne tue pas l’ambition

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Si Nicolas Sarkozy avait un moment cru qu’en exilant Rachida Dati à Strasbourg, siège du Parlement européen, il n’entendrait plus parler d’elle, tellement elle serait happée par l’anonymat bureaucratique et glacial de l’Union européenne, il s’était lourdement trompé. Non seulement Rachida Dati tient à montrer aux pompes funèbres de l’UMP qu’elle veut rester vivante, dynamique et agissante sur la scène politique française, mais elle se permet aussi le luxe de se construire ouvertement un agenda politique au risque de provoquer quelques ulcères chez les barons de la majorité présidentielle. Depuis son départ de la place Vendôme, récupérée depuis par Michelle Alliot-Marie, Rachida Dati est restée présente dans le radar de l’actualité para-politique à travers deux vecteurs d’une grande valeur communicative. Le premier est celui de la petite Zohra dont l’interrogation sur l’identité du père n’a rien perdu de sa pertinence obsessionnelle. C’est ainsi que les vacances et les déplacements de Rachida Dati ont été maladivement scrutés par les paparazzi dans l’espoir de percer le graal de son secret. Il est vrai que sur un plan commercial, la photo de Rachida Dati et de la petite Zohra câlinées par les bras mâles d’un supposé père vaudrait de l’or. Le second vecteur est celui de la présence de Rachida Dati dans l’enceinte du Parlement européen. L’interrogation sur son réel intérêt pour ce qui s’apparente pour elle davantage à un purgatoire qu’à un havre d’épanouissement a été lancée pendant la campagne des élections européennes par le Vert Daniel Cohn-Bendit lorsque, perfidement, il avait estimé que Rachida Dati n’irait pas dans un endroit où il n’y avait pas de caméra.  Mais en petite semaine, Rachida Dati a eu deux occasions de faire exprimer sa petite musique et de marquer sa différence, avec des messages plus au moins subliminaux à son ancien parrain en politique, Nicolas Sarkozy. La première fois quand en tant que responsable politique d’origine maghrébine, elle a été sollicitée pour donner son point de vue sur le bourbier de racisme ordinaire dans lequel Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, s’est enfoncé. Contrairement à Fadela Amara qui a mis tout son passé militant et son aura d’icône de la banlieue pour tenter de laver Brice Hortefeux de la terrible accusation de « raciste», Rachida Dati exécute d’un coup sec l’ami de trente ans de Nicolas Sarkozy avec cette phrase couperet : «Le racisme, ce n’est pas de l’humour». Elle rejoint par cet effet la position d’une autre icône de la diversité en cours de démagnétisation, Rama Yade qui avait refusé d’applaudir Xavier Bertrand, le patron de l’UMP lorsqu’il avait demandé à sa famille de soutenir Brice Hortefeux. Le second sujet est celui de la défense de Manuel Barroso pour un second mandat à la tête de la Commission européenne. L’argumentaire de défense était tellement mou qu’on le dirait écrit par un opposant socialiste. Mais Rachida Dati a profité aussi de cette occasion pour dévoiler ses ambitions politiques. Interrogée de savoir si elle pense se présenter à la députation aux prochaines législatives, Rachida Dati, des dents à rayer un parquet, un sourire à faire fondre les réticences les plus têtues : «On verra en 2012 mais bien sûr que j’y pense». Sujet évoqué avec Nicolas Sarkozy en juillet dernier, précise-t-elle pour donner de l’écho à son annonce. Elle pense aussi à la mairie de Paris lors des municipales de 2014. La chronique politique la met en concurrence direct avec le Premier ministre François Fillon à qui on prête l’intention de faire de Paris un bastion de repli et de reconquête de pouvoir. Rachida Dati est femme à donner du fil à retordre à ses adversaires qui essaient de l’effacer. Même si sa visibilité médiatique peut prendre un coup, elle ne quittera pas de sitôt la scène. Un film retraçant son histoire et adaptant le violent  livre à son encontre  «Belle amie» d’Yves Derai et de Michael Darmon est en cours de fabrication. Il sortira dans les salles courant 2010. Le rôle de Rachida Dati sera joué pour une autre Rachida, Rachida Brakni, la campagne de l’ex-footballeur Eric Cantonna.

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