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De Villepin dit sa vérité sur Clearstream

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Il y a une sorte d’ironie de l’histoire qui se profile à l’horizon dans l’affaire Clearstream où l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin est poursuivi pour «complicité de dénonciation calomnieuse, complicité de faux, recel de vol et d’abus de confiance», c’est que l’homme que la froide colère de Nicolas Sarkozy poursuit de sa revanche inextinguible puisse retourner l’opinion et les juges et sortir blanchi et renforcé de ce bourbier marécageux. Même si l’hypothèse paraît quelque peu fantaisiste aujourd’hui. Si à cause d’un faisceau de présomptions et d’indications contradictoires livrées par les principaux protagonistes de cette affaire, l’innocence de Dominique de Villepin ne saute pas spontanément aux yeux, le déroulé du procès donne à l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac l’occasion de déployer une large palette de son talent de communication et de persuasion qui ne laisseront personne indemne.
Stratégie patiemment construite ou involontairement dévoilée, chaque apparition de Dominique de Villepin est l’occasion de ciseler davantage le portrait d’une victime expiatoire qu’une haine présidentielle tenace tente d’éradiquer sur fond de règlements de comptes et d’élimination d’adversaires politiques. Il est vrai que dans ce combat, Dominique de Villepin est aidé par une grandiloquence naturelle portée par l’élégance d’une grande taille et la sincérité non feinte des propos. Dès que l’homme se saisit d’un micro ou d’une lumière de caméra, il a cette faculté particulière de donner dans le bel anathème: «Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui apporter ma contribution à l’émergence de la vérité dans cette affaire où les mensonges et les manipulations ont obscurci cette vérité».  Dominique de Villepin a eu l’occasion d’expliquer sa vérité censée démonter la théorie du complot que Nicolas Sarkozy veut absolument lui accoler. Pour lui, tout s’est joué lors d’une réunion le 9 janvier 2004 lorsque Jean-Louis Gergorin, le vice-président d’EADS lui fait part de l’existence des fameux listings de Clearstream. Cette révélation s’est faite au ministère des Affaires étrangères en présence de Philippe Rondot, un homme du renseignement. Et Dominique de Villepin de raconter sa version censée l’exonérer de tout péché de mauvaise intention : «Il s’agissait d’une réunion à bâtons rompus, pas d’une réunion de travail (…)  Nous ne sommes entrés à aucun moment dans la définition des cibles ou dans l’implication de personnes (…) il n’y a jamais eu d’instruction présidentielle dans ce dossier». Et lorsque, clou de l’affaire et nœud de l’accusation, le président du tribunal lui lit une note manuscrite du général Rondot dans laquelle est écrit comme compte rendu de cette fameuse réunion du 9 janvier «enjeu politique, Sarkozy» et «compte couplé Sarkozy-Bocsa», Dominique de Villepin répond sans hésitation et campe sur ses certitudes : «Il n’a à aucun moment été fait référence à Nicolas Sarkozy en liaison avec ce système occulte et les listings». Au cours de cette première audition, Dominique de Villepin a eu un dur accrochage avec l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog : «Cela montre bien ce que votre tentative a de désespéré (…) Vous n’arriverez pas à démontrer une implication du ministre que j’ai été  pour des actions que je n’ai pas commises». Au cours de cette audition, Dominique de Villepin surfait sur une vague de vent favorable alimenté par deux éléments essentiels : le premier est « la bourde » de Nicolas Sarkozy lorsque, brûlant le principe de la présomption d’innocence, il avait qualifié Dominique de Villepin de «coupable» avant même qu’il ne soit jugé. Cette sortie présidentielle pourra avoir un effet contraire et pousser les juges à se montrer plus indépendants que d’habitude.  Le second facteur est le malaise, sourd, grandissant que provoque une telle affaire au sien de la majorité présidentielle et qu’a révélé un homme comme Jean-François Copé, le patron du groupe parlementaire UMP: «Tout cela est triste. C’est bien qu’on en arrive à l’épilogue ». Ce procès ne donne « évidement pas une très bonne image» de la majorité. 
 

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