Shkelqin, qui est né Albanais, est déçu de ne pas être dans les montagnes au sud de Jalalabad (Est), où des forces spéciales américaines participeraient à la traque du chef terroriste présumé et de ses combattants d’Al-Qaïda dans la région de Tora Bora. «Nous sommes tous les deux de New York, et nous avons été plus qu’indignés lorsque le World Trade Center s’est écroulé. Il (Ben Laden) a détruit le principal symbole de ce que représente l’Amérique. Quelle que soit la tâche, nous sommes prêts», assure-t-il. Les attaques-suicide du 11 septembre aux Etats-Unis ont fait au total 3.329 morts et disparus, selon le dernier bilan disponible. Mais Shkelqin, qui n’a donné que son prénom, déclare avoir une deuxième raison de servir son pays, dans une contrée lointaine et dangereuse. «Nous sommes également ici pour proclamer que les Musulmans de par le monde ne sont pas des terroristes ». «Ben Laden l’a fait au nom d’Allah, c’est une honte pour notre religion. Nous sommes pacifiques, nous obéissons seulement à Dieu. Une des raisons pour lesquelles je suis ici, c’est de prouver qu’il a tort », poursuit le soldat américain. A son côté, Shaquib, originaire du Bangladesh, et qui fait comme Shkelqin partie de la 10ème division de montagne de l’armée américaine, une troupe d’élite entraînée au combat en haute altitude, donne l’impression de ne plus tenir en place. «Il (Ben Laden) a frappé chez nous, nous voulons lui faire rendre gorge. Je voudrais faire partie de l’opération, je préférerais être en haut dans les montagnes», dit-il. Hébergé non loin des soldats afghans de l’Alliance du Nord sur la base de Bagram, Shaquib regrette aussi de ne pas avoir pu observer le ramadan, durant lequel les musulmans ne doivent manger qu’après le coucher du soleil. «J’ai essayé mais, vu tout ce qui se passe ici, c’est vraiment difficile», admet-il. D’un air légèrement envieux, Shaquib rend hommage aux qualités de combattants des forces afghanes qui aident les troupes américaines à traquer Ben Laden et les membres de son réseau Al-Qaïda. «Ce sont des soldats impressionnants, ils se sont battus depuis toujours. Ils n’hésiteront pas à tirer sur quelqu’un », a-t-il déclaré en ajoutant avec un brin de regret qu’il ne s’était pas servi une seule fois de son arme depuis son arrivée par avion sur la base, en provenance d’Ouzbékistan. Shaquib est fier de son identité, religieuse mais aussi nationale. «Ils pensent que je suis un des leurs », dit-il à propos des soldats afghans. «Je leur ai dit que j’étais Américain ».
• Henry Meyer (AFP)