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DOM-TOM : référendum en Outre-mer, un an après de graves émeutes sociales

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Paris va-t-il voir s’éloigner de lui la Martinique et la Guyane ? Un an après de graves émeutes sociales aux Antilles françaises, les habitants de ces départements d’Outre-mer se prononceront dimanche sur un statut plus autonome, clé pour certains d’un meilleur développement. Ce référendum sur l’avenir institutionnel de ces deux collectivités situées à 7.000 km de Paris avait été annoncé en juin par le président Nicolas Sarkozy, à la demande de la plupart de leurs responsables locaux. Parmi les derniers confettis de l’empire français, l’île de la Martinique (Antilles, 400.000 habitants) et la Guyane (Amérique du Sud, 200.000 habitants) devront choisir si elles souhaitent adopter le statut qui encadre la plupart des autres territoires d’Outre-mer.Ce dernier permet, tout en conservant la tutelle protectrice de l’Etat français, des adaptations aux «intérêts propres» de chaque collectivité et donc, éventuellement, plus d’autonomie. Si le «oui» l’emporte, un loi devra encore être votée pour organiser la répartition des compétences entre ces départements et l’Etat. Ce débat présente, selon la ministre de l’Outre-mer Marie-Luce Penchard, un «véritable enjeu» pour leur «développement économique et social». Car 60 ans après avoir obtenu le statut de département français, ces collectivités cumulent les problèmes sociaux, bien qu’elles bénéficient de transferts financiers massifs de l’Etat. En 2008, le taux de chômage était de 22,4% en Martinique, paradis touristique très prisé des Français de métropole, producteur de bananes et de rhum. En Guyane, dont 96% du territoire est couvert d’une forêt tropicale et qui abrite la base de lancement de la fusée européenne Ariane, il était de 20,6%. A la même époque, il touchait 7,3% de la population active en métropole.
Le référendum ne concerne pas la Guadeloupe, autre département français des Antilles, ses élus ayant préféré attendre un apaisement du climat social. A l’hiver dernier, une grève générale de 44 jours avait tourné à l’émeute.
Le mouvement, qui s’était achevé par des promesses de hausses de salaires, s’était propagé, dans une moindre mesure, à la Martinique voisine. Les habitants de ces deux îles se plaignaient du coût de la vie, et plus généralement de la répartition des richesses, selon eux encore massivement aux mains des descendants blancs des colons. Le mouvement avait révélé des tensions raciales.
Les partisans du «oui» au référendum font valoir que le nouveau statut permettra de lever de nombreux «freins» au développement. «Nous pourrons penser notre développement en fonction de notre réalité et de notre environnement propre», faisait valoir récemment le sénateur de Guyane, Georges Patient, mettant en avant une «plus grande liberté d’utilisation de l’outil fiscal». En face, les partisans du «non» craignent que l’Etat ne se serve de ce changement pour se désengager de la Martinique et de la Guyane. Certaines prestations, notamment sociales, pourraient être revues à la baisse, mettent-ils en garde. M. Sarkozy avait affirmé qu’il «ne s’agit pas d’organiser (….) je ne sais quel largage de la République».
De son côté, Mme Penchard a assuré que le changement de statut «n’entraînerait aucune conséquence automatique en ce qui concerne le statut de région ultra-périphérique au sein de l’Union européenne» dont bénéficient ces départements. Selon un dernier sondage, la tendance serait en Martinique à la victoire du «non». En Guyane, le scrutin paraît très serré, selon diverses sources.
Si le changement de statut était rejeté, un autre référendum serait organisé le 24 janvier. Il serait alors demandé aux habitants de la Martinique et de la Guyane de ne se prononcer que sur une simplification administrative.

  Claire Snegaroff (AFP)

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