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Edouard Balladur, un homme dans la tourmente pakistanaise

Pour Nicolas Sarkozy, c’est la loi des séries. Une tuile ne tombe jamais seule. Alors que Charles Pasqua, ancien ministre de l’Intérieur et proche de l’actuel président de la République lorsque ce dernier aiguisait son ascension vers l’Elysée, comparaît devant la Cour de justice de la République pour corruption, voilà que l’ancien parrain de Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur est sur le point d’être emporté par un grand scandale d’Etat. Par voie de révélations dans la presse, documents bancaires à l’appui, Edouard Balladur est accusé d’avoir reçu des rétro-commissions qui s’élèvent à dix millions de francs en liquide versés sur les comptes de sa campagne électorale de 1995, issus de la vente d’un contrat d’armement au Pakistan. L’affaire ne s’arrête pas au simple stade du financement occulte des campagnes électorales dont la France des années 90 était coutumière. Elle suggère un fait explosif. L’assassinat de onze ingénieurs français travaillant dans la construction de sous-marins à Karachi serait directement lié au non versement de commissions lors de cette tractation militaire entre la France et le Pakistan. Voici comment Edouard Balladur résume l’accusation implicite portée contre lui : «Ainsi est invoquée ma responsabilité indirecte dans la mort de onze Français, dès lors que l’annulation des commissions en 1996 aurait entraîné, par rétorsion, l’attentat de 2002. Dans cette présentation des choses, rien ne correspond à la vérité». Cet assassinat, d’une ampleur presque inédite, avait énormément ému les Français. Il était traditionnellement attribué aux réseaux d’Al Qaïda, en guerre ouverte contre le régime pakistanais. Le simple fait de faire allusion à une autre hypothèse est politiquement subversif. Et l’homme qui subit de plein fouet cette tourmente est Edouard Balladur. L’affaire devient encore plus explosive quand les investigateurs rappellent qu’à l’époque des faits, Nicolas Sarkozy, actuel président de la République, était ministre du Budget et porte-parole de la campagne d’Edouard Balladur. C’est dire à quel point le scandale qui menace d’emporter Edouard Balladur ne peut laisser intact l’actuel président de la République. La relation entre les deux hommes a toujours été politiquement intime. Nicolas Sarkozy en compagnie de Charles Pasqua, avait, dans un mauvais flair, laissé tomber Jacques Chirac, pour rejoindre Edouard Balladur.
La présidentielle de 1995 a vu le triomphe de Chirac et inauguré la longue traversée du désert de ce trio de putschistes anti-Chirac composé de Balladur, Pasqua et Sarkozy. Elu président, Nicolas Sarkozy a gardé une étroite relation avec Edouard Balladur. Il le consultait régulièrement sur les grands dossiers de son quinquennat. Même si ces derniers temps, la presse s’est fait l’écho d’une sécheresse d’affection entre les deux hommes, Edouard Balladur s’étant mis lui aussi à critiquer le style présidentiel de Nicolas Sarkozy, les deux hommes n’ont jamais atteint le stade de rupture, liés qu’ils sont par un itinéraire commun fait d’ombres épaisses et de lumières fugitives. Ce scandale autour d’Edouard Balladur dont les éclaboussures risquent d’atteindre l’Elysée tombe vraiment mal pour Nicolas Sarkozy. En plus de traverser une mauvaise séquence dont il éprouve un mal manifeste à se relever, l’opposition le somme de s’expliquer.

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