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Égypte : Des appels à manifester vendredi sur fond de critiques contre l’armée

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Cinq mois après la chute du régime Moubarak, les Egyptiens sont appelés à descendre à nouveau en masse dans la rue vendredi, sur fond de mécontentement croissant face à la manière dont l’armée, qui dirige le pays, gère la transition promise vers la démocratie. Responsables de l’ancien régime impunis, calendrier électoral contesté, multiplication des procès de civils devant des cours militaires: l’armée, portée aux nues après la démission du raïs, est aujourd’hui la cible de vives critiques de la part de mouvements à l’origine de la révolte. «Nous voulons un réel nettoyage, de vrais procès, un vrai gouvernement», lance sur sa page Facebook la Coalition des jeunes de la révolution, principale fédération de mouvements d’internautes qui ont initié le soulèvement en janvier. Pour l’un de ses membres, Moustafa Shawky, «il faut dire clairement que la politique n’est pas l’affaire de l’armée». «Ce pays doit changer, et les corrompus doivent être jugés», proclame l’un des sites les plus influents de la contestation, la page Facebook «Nous sommes tous Khaled Saïd» (du nom d’un jeune Alexandrin mort en 2010 à la suite de violences policières), en appelant à manifester. L’Association nationale pour le changement, proche de l’opposant Mohamed ElBaradei, réclame «la fin de la réédition des méthodes répressives de l’ancien régime». Et une association de jeunes salafistes (fondamentalistes musulmans) s’est également jointe aux appels à descendre dans la rue.
Des rassemblements sont prévus à travers le pays, en particulier sur l’emblématique place Tahrir du Caire, haut lieu de la révolte du début de l’année. Toutefois, le puissant mouvement des Frères musulmans a décidé de ne pas se joindre aux manifestations. «Il y a déjà eu assez de heurts et de troubles dans les rues récemment. Nous ne voulons pas être impliqués», a déclaré à l’AFP un porte-parole de la confrérie islamiste, Mahmoud Gozlan. Le report des procès de nombreux policiers accusés d’avoir tué des manifestants en début d’année et la mise en liberté sous caution de certains d’entre eux ont ravivé le sentiment d’injustice d’une partie de la population. La relaxe mardi de trois anciens ministres de Hosni Moubarak poursuivis dans des affaires de corruption a encore aggravé cette frustration. La multiplication des procès de civils devant des tribunaux militaires – 7 à 10.000 depuis février selon des organisations égyptiennes et internationales – accentue également le trouble sur les méthodes de l’armée. La tenue en septembre des premières élections législatives de l’ère post-Moubarak est également jugée trop précoce par de nombreux militants pro-démocratie, qui estiment que cette célérité fait le jeu des Frères musulmans, considérés comme les mieux organisés à l’heure actuelle. De nombreuses voix réclament aussi la rédaction d’une nouvelle Constitution en préalable à toute élection, afin de garantir les fondements d’une démocratie. La semaine dernière, la place Tahrir s’était à nouveau embrasée, avec des affrontements entre quelque 4.000 manifestants et les forces anti-émeutes. L’armée a tenté de calmer le jeu en annonçant à la hâte la création d’un fonds d’aide sociale et médicale de 16 millions de dollars pour les familles des quelque 850 personnes tuées en janvier et février. Le numéro deux de l’armée égyptienne, le général Sami Anan, a aussi répondu aux critiques en affirmant l’engagement des militaires à «organiser des élections libres et transparentes». Il a également estimé qu’après une montée de l’insécurité ces derniers mois, la situation s’était améliorée. Le pouvoir a de plus décidé de dissoudre les conseils municipaux – élus sous M. Moubarak et composés à plus de 90% par ses amis – afin de satisfaire une des principales revendications des contestataires.

 Christophe de Roquefeuil (AFP)

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