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Égypte : Les Frères musulmans bientôt à l’épreuve du pouvoir

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La victoire attendue des Frères musulmans aux premières législatives post-Moubarak les propulsera dans l’élite politique mais mettra aussi leur crédibilité à l’épreuve du pouvoir. Près de dix mois après la chute du régime du président Hosni Moubarak, au pouvoir pendant 30 ans, les Egyptiens se sont rués vers les urnes pour élire un nouveau Parlement, mettant sur les rails la transition démocratique. Le Parti de la liberté et la justice (PLJ) des Frères musulmans a affirmé être en tête dans cette première phase des élections, étalées sur plusieurs mois et censées doter le pays du Parlement qui devra nommer une commission pour rédiger la future Constitution. La confrérie islamiste avait avant les élections exigé que la majorité parlementaire soit chargée de former le prochain gouvernement du pays, dirigé par l’armée depuis le renversement en février de M. Moubarak, chassé par un mouvement de contestation sans précédent. L’idée d’un Parlement dominé par les islamistes -après des élections au Maroc et en Tunisie où les courants religieux l’ont emporté- a agité les milieux laïques et effrayé la minorité copte, les chrétiens d’Egypte. Mais les Frères musulmans égyptiens pourraient également se voir obligés de composer avec une percée électorale inattendue des fondamentalistes salafistes, tenants d’un islam encore plus conservateur que le leur. «C’est une excellente opportunité pour tester le mouvement. Pendant des années, ils ont fait de grandes déclarations, comme le fait que liberté et religion étaient compatibles, sans avoir à rendre de comptes», estime Rabab el-Mahdi, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire. Une victoire donnerait à la confrérie la légitimité et la légalité qu’elle réclame depuis des années. Mais elle pourrait dans le même temps saper sa crédibilité si elle acceptait de faire partie d’une assemblée faible face à des généraux qui conserveraient toutes les prérogatives. «Ils vont devoir se battre pour les pouvoirs du Parlement et y parviendront plus facilement en s’alliant aux libéraux», affirme Mme Mahdi, pour qui le PLJ, qui compte de nombreux hommes d’affaires, «est, sur le plan économique, plus proche des libéraux que de n’importe quel autre parti islamiste». Mais avant toute chose, les Frères musulmans devront mener deux batailles. D’une part, ils devront s’atteler à rassurer les Egyptiens qui veulent leur liberté politique, après s’être dotés pour la première fois d’un parti légal, le PLJ, qui prône un «Etat civil et démocratique, non-religieux et non-militaire qui respecte les droits de l’Homme». D’autre part, ils devront donner une visibilité à un Parlement aux attributions incertaines face à un conseil militaire tout-puissant.

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